Hélène Keller-Lind
dimanche 13 février 2011, par Desinfos
Mahmoud Abbas et Salam Fayyad dont le gouvernement, soutenu par l’Occident, n’a aucune légitimité, décrètent des élections d’ici septembre. Le Hamas, encensé par Tariq Ramadan, ne joue pas...Le négociateur à vie, Saë b Erekat, donne sa démission... Côté égyptien, l’anti-israélien Amr Moussa a des ambitions.
Des élections cette année pour un pouvoir illégal depuis 2009
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On assiste désormais à une série de voltes faces occidentaux : des chefs d'état pourtant considérés jusqu'ici comme légitimes sont voués aux gémonies. Cela a commencé avec le Tunisien Ben Ali, et il y a eu ensuite le Rais égyptien...et malheur à qui a récemment accepté leurs invitations : ils sont fustigés par les vertueux de circonstance...Ce ne serait qu'un début. A moins que les dictateurs en place n'utilisent des méthodes condamnables mais loin du regard du monde pour rester au pouvoir et, de ce fait, continuer à être considérés hypocritement comme fréquentables...Pourtant certains dirigeants arabes donnent des gages ou des apparences de gages. Ainsi, sur ordre du roi, les ministres jordaniens ont été remplacés.
C'est dans ce contexte qu'il faut replacer l'annonce faite le 11 février par le chef de l'OLP, Yasser Abed Rabbo, que le gouvernement Abbas Fayyad « a commencé à préparer des élections présidentielles et parlementaires palestiniennes dans les prochains mois, en septembre au plus tard... » ce qui laisse de la marge. Une décision prise, précisait-il, « pour répondre à la volonté des Palestiniens. » Et il en appelait à « toutes les factions », leur demandant de « mettre de côté tous leurs différents et de participer aux élections. »
Des élections locales devraient se tenir le 9 juillet, ce qui vient d'être annoncé également.
A ce propos, l'agence palestinienne Maan News, rappelle que « le mandat de Mahmoud Abbas, qui conduit l'OLP depuis 2004, a expiré en 2009 » et qu'il n'y a pas eu d'élections depuis...Toujours selon cette agence son mandat aurait été étendu en attendant des élections...Sans qu'une date butoir ne soit fixée et ce qui ne correspond pas à l'idée que l'on se fait de la démocratie...mais ce qui n'empêche pas les Occidentaux de continuer à verser pour l'heure des millions d'Euros ou de dollars à ce gouvernement qui n'a plus de légitimité...et ce qui n'empêche pas non plus des représentants occidentaux, français notamment, d'avoir d'excellentes relations avec l'appareil palestinien...Faisant fi, d'ailleurs, de l'enseignement à la haine que promeut l'Autorité palestinienne – que dénonçait d'ailleurs, devant le Président de la République et les nombreuses personnalités réunies, Richard Prasquier, lors du dîner du Crif – ou faisant fi de la condition des femmes palestiniennes ou des apostats sous cette administration
Saëb Erekat : des fuites, mais sont-elle vraies, auront eu raison du négociateur palestinien en chef ..
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On note, par ailleurs, que Saëb Erekat, négociateur à vie vient de démissionner, une démission acceptée par Mahmoud Abbas... Les fuites, vraies ou fausses, concernant les négociations israélo-palestiniennes, orchestrées par la télévision Al Jazeera , auront eu raison de lui... Elles montraient que les négociateurs palestiniens auraient été prêts à faire trop de concessions, ce qui paraît surprenant étant donné que dans la réalité ces concessions n'ont jamais été faites, bien au contraire...selon ces fuites, l'Autorité palestinienne collaborerait avec les forces de sécurité israéliennes pour que soient tués des Palestiniens. Saëb Erekat affirme que les documents qui ont été copiés ont été modifiés, mêlant vérités, demi-vérités et mensonges, ce qui, selon lui, aurait pu être manigancé par Israël et les États-Unis pour faire tomber une Autorité palestinienne se refusant à négocier avec Israël. Fin janvier il accusait la station de télévision basée au Qatar de mettre sa vie en danger. On comprend dès lors qu'il ait démissionné d'un poste qui semblait pourtant devoir être le sien à vie.
Le Hamas, qui a l'aval de Tariq Ramadan, attend son heure....
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C'est sans surprise que l'on apprend dans le même temps que « le Hamas a immédiatement rejeté ce projet en disant qu'il n'y participerait pas. « A Gaza le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhum a déclaré à Maan News que ces élections sont illégales parce qu'elles n'ont été décidées en fonction d'aucune loi et le Hamas ne les légitimera pas. » Toujours selon lui, « Mahmoud Abbas et son Premier ministre, Salam Fayyad n'ont pas la légitimité requise pour organiser un vote. »
Il ajoutait : « il devrait y avoir des élections dans le cadre d'un consensus national palestinien résultant d'un accord de réconciliation et non pas comme une mesure prise par un parti qui contrôle chaque questios palestinienne. » C'est d'ailleurs l'opposition au Hamas qui avait empêché la tenue d'élections prévues en janvier 2010. Or, aucun accord de réconciliation n'est en vue...Et on sait que l'Égypte d'Hosni Moubarak jouait un rôle important pour tenter de réconcilier Fatah et Hamas. Efforts qui ont été vains jusqu'ici. Or, aujourd'hui, l'avenir de l'Égypte est incertain.
Et le porte-parole du Hamas brandissait cette menace : si l'Autorité palestinienne prend cette mesure, elle pourrait alors subir le même sort que la Tunisie ou l'Égypte.
Par ailleurs, les déclarations faites par Tariq Ramadan à ce propos sur le plateau de « Semaine Critique » où il avait été invité par Franz-Olivier Giesbert sont d'un grand intérêt. Il affirmait, en effet, que lors d'élections précédentes, les Palestiniens « des Territoires occupés » avaient eu le choix entre un Fatah corrompu, qui a tué, spolié...des gens qui ont tué et menti, » - ce qui semble indéniable - et « des gens qui ont fait un travail social... » ajoutant : « il faut cesser de diaboliser cette opposition. »
Des principes de base du Hamas particulièrement violents ayant été cités, ne pouvant les démentir; Tariq Ramadan répondait sans rire que « ce sont des slogans de départ... » affirmant que le Hamas « se rénove et qu'ils ont un débat critique en interne... » Autrement dit que ce mouvement terroriste serait donc fréquentable ou en passe de l'être...Affirmation sidérante que personne ne contesta alors que la réalité du Hamas est effroyable comme le démontrent ses propres vidéos diffusées par sa télévision et que MEMRI met en ligne en traduction. On peut en voir ici une compilation. Et il y a quelques semaines encore, la télévision du Hamas incitait, par exemple, dans un jardin d'enfant, les enfants palestiniens à combattre, les armes à la main,
Est-ce à dire que Tariq Ramadan, Professeur à l'université d'Oxford ou celle du Qatar et qui a une émission à la télévision iranienne des mollahs, approuve ? On notera que sur son site officiel il s'associe à un mouvement « pacifique » pro-palestinien – et de fait anti-israélien - qui exige le retour des «réfugiés », c'est-à-dire la fin d'Israël... ce qui est dans la Charte du Hamas...
L'Égypte et un avenir incertain. Les ambitions de l'anti-israélien Amr Moussa
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Par ailleurs, le chef de la Ligue Arabe, lÉgyptien Amr Moussa, semble vouloir jouer un rôle dans son pays. Il s'était joint aux manifestants réclamant le départ d'Hosni Moubarak et vient d'annoncer qu'il allait quitter la présidence de la Ligue arabe. Il avait d'ailleurs déclaré récemment qu'il était « prêt à jouer tout rôle qu'on lui demanderait de jouer, » ajoutant qu'il pourrait mettre concrètement en place « ses idées soutenues par la plupart des Égyptiens. »
Le correspondant au Caire de l'agence palestinienne Maan News explique sa popularité ainsi : « son attitude fo rte contre Israël et son langage qui plaît à la rue arabe.... »
Ce que confirme Le Figaro qui cite une chanson populaire égyptienne à sa gloire qui prône la haine d'Israël Or, même si la haine d'Israël et de l'Occident, notamment des États-Unis, n'ont pas été une composante de la révolution égyptienne, on sait que cette paix israélo-égyptienne n'a jamais emporté l'adhésion du peuple égyptien. Or, tout bouc émissaire sera le bienvenu dans les tractations politiques à venir en Égypte...Et Israël est tout désigné pour jouer ce rôle...Un costume qu'on lui fait endosser bien volontiers aujourd'hui, comme le dénonçait le Président du Crif dans son discours du 11 février...