vendredi 10 septembre 2004
Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a déclaré jeudi 9 septembre que les atrocités commises dans la région soudanaise du Darfour relevaient du crime de génocide.
Powell, qui s’exprimait devant la commission des affaires étrangères du Sénat, a précisé que Washington était parvenu à cette conclusion après avoir interrogé des réfugiés du Darfour et avoir relevé d’autres indices allant dans le même sens. « Nous avons conclu qu’un génocide avait été commis au Darfour, a-t-il déclaré, et que le gouvernement du Soudan et les janjawids (milices arabes) en portaient la responsabilité - le génocide pouvant encore être en cours ».
Le rapport du département d’Etat est basé sur des entretiens réalisés auprès de 1.136 réfugiés du Darfour pendant cinq semaines cet été en territoire tchadien.
« La majorité a expliqué que les forces gouvernementales, les miliciens ou une combinaison des deux avaient complètement détruit leurs villages », peut-on lire dans le rapport. Celui-ci précise que 61% des répondants ont assisté au meurtre d’un membre de leur famille, 16% affirmant avoir été violés ou ayant entendu parler d’un viol.
« Environ un tiers des réfugiés attaqués ont eu droit à des injures racistes ». Leur bétail a été volé et près de la moitié affirme que ses biens ont été pillés. Selon Washington, plusieurs dizaines de milliers d’habitants du Darfour sont morts et plus de 1,2 million ont été déplacés.
Mercredi, les Etats-Unis ont fait circuler une proposition de résolution aux Nations unies appelant à une force internationale substantielle pour surveiller la situation au Darfour. Le texte envisage des rétorsions économiques, visant notamment les exportations pétrolières soudanaises si Khartoum ne met pas un terme aux exactions des milices et ne rétablit pas la paix civile.
La population noire du Darfour victime d’un génocide, selon la Grande-Bretagne
Les massacres perpétrés par des milices bénéficiant du soutien du gouvernement soudanais au Darfour « pourraient relever du génocide », a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères jeudi.
Chris Mullin vient ainsi appuyer les propos du secrétaire d’Etat américain Colin Powell qui affirmait un peu plus tôt jeudi que les atrocités commises par les milices contre la population noire-africaine du Darfour relevaient du crime de génocide.
Invité sur la chaîne d’information britannique N4, Chris Mullin était interrogé sur la position britannique à la suite des déclarations de l’administration Bush en ce qui concerne le Darfour.
« Cela pourrait bien être un génocide », a affirmé le ministre. « C’est la raison pour laquelle nous appuyons l’appel de Colin Powell aux Nations unies pour que celles-ci enquêtent rapidement. Peu importe quels termes vous employez, il est certain que de graves crimes contre l’humanité ont été commis au Darfour », a-t-il dit.