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En route vers ‘Better Place’
Par DAVID HOROVITZ Jerusalem | Adaptation française de Sentinelle 5771 ©
Article mis en ligne le 13 décembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2010

Bienvenue dans la motorisation plus silencieuse, plus saine de demain. J’ai vu l’avenir. Ou plutôt, je l’ai conduit. Il est rapide, souple, et plus frappant encore, presque silencieux. Et son importance environnementale est à peine plus importante en une semaine où notre vulnérabilité au réchauffement climatique a été soulignée par les victimes de l’enfer du Carmel.

A Pi Glilot, au nord de Tel Aviv – autrefois et ironiquement le centre névralgique de la distribution de combustible fossile national– ‘Better Place’, de l’entrepreneur israélien Shaï Agassi offre un essai de conduite autour d’un petit circuit dans la Renault Fluence ZE : ZE bien sûr signifiant Zéro Emission.

Le véhicule circule uniquement sur une batterie électrique. Vous appuyez sur le bouton de démarrage et vous devez vous pincer pour être sûr que c’est bien réel.

Il n’y a pas de rugissement du moteur. Pas de vibration. Vous levez le pied de la pédale du frein et allez de l’avant dans une gloire sereine et silencieuse. Vous atteignez les mêmes vitesses avec ce qui semble la même accélération que les classiques engloutissant du combustible. Vous ne dépensez presque aucune charge quand vous êtes à l’arrêt – par exemple un embouteillage ou à un feu rouge.

Ca ressemble à une voiture. Ca se déplace comme une voiture. Ca fait le bruit d’un appareil à air conditionné.

A pareille époque l’an prochain, des visiteurs à cette démonstration s’entendront dire : « Nous pourrons tous conduire des voitures comme celle-là. Pour les maintenir chargées, ‘Better Place’ va installer un réseau de recharge de batteries et des centres de remplacement de batteries au niveau national. »

Les limitations d’une voiture électrique sont bien connues. Elevés en Angleterre, notre lait était livré chaque matin par un gars pétillant, coiffé d’une visière, conduisant un kart électrique. Il partait à pleine charge de la laiterie locale, mais son trajet devait être sacrément court, ou bien il serait tombé en panne et l’aurait fait cailler.

‘Better Place’ a mis au point une batterie lithium-ion qui vous permettra de parcourir 160 kilomètres – pas mal dans un petit pays dont les principaux centres urbains, Eilat mis à part, se situent dans la limite d’une seule batterie à pleine charge. L’immense majorité des parcours, les sauts en ville, sont bien plus courts.

La plupart du temps, selon la vision de ‘Better Place’, nous ferons la recharge à domicile, sur des emplacements de parking et « lieux de recharge », grâce à des postes de chargement sur prise, de forme triangulaire, en position basse, en les relevant selon les besoins.

Pour les trajets plus longs, nous nous rendrons dans l’un de ces centres de remplacement pratiquement de la même manière que dans une station d’essence aujourd’hui. Il faudra trois à cinq minutes pour un échange de batterie vite fait bien fait. Puis nous serons de nouveau sur notre route silencieuse, sans mettre davantage d’argent dans les poches des répugnants barons du pétrole et sans dévaster davantage notre fragile planète.

Le système de changement de batterie est en démonstration au centre de Pi Gilot aussi. C’est une impressionnante opération sans intervention manuelle. Un mécanisme robotisé glisse sous la voiture, dévisse, abaisse et retire l’ancienne batterie, soulève et visse la nouvelle. Les batteries pèsent 250 kg, et la tâche de les remplacer rapidement a apparemment découragé de nombreux experts internationaux. Agassi a trouvé la solution grâce aux Force Aériennes d’Israël, adaptant les technologies utilisées pour retirer et mettre en place des missiles sur des avions de combat.

Dans un monde parfait, la voiture électrique roulerait grâce à de l’énergie générée avec un dommage minimal à l’environnement. Et peut-être un jour aurons-nous des panneaux solaires sur les toits de nos véhicules, ou bien qui sait, trouverons-nous le moyen de contribuer à leur énergie en exploitant celle-là même créée par leur propre mouvement.

Aujourd’hui, dans ce monde moins que parfait, et dans un pays qui ne fait que commencer à exploiter le potentiel du solaire et d’autres sources d’énergie propre, ‘Better Place’ se déclare engagée à encourager la génération d’énergie alternative sur la route et prône les bénéfices environnementaux qu’elle offre aujourd’hui.

D’abord, il y a le passage du pétrole dans le réservoir vers l’électricité générée par du charbon et du gaz dans la batterie. Puis il y a la stratégie de rechargement conçue pour minimiser des contraintes supplémentaires du réseau de l’électricité nationale. L’objectif, si possible, sera d’encourager, avec une structure de prix bien calculée, les périodes de rechargement basse consommation, en particulier la nuit.

Enfin, il y a le fait que les voitures Zero Emission ne créeront aucune pollution sonore mais aussi, de façon cruciale, pas de pollution de l’air de nos centres de population, si gavées d’émissions de monoxyde de carbone, avec le changement de climat associé et les bénéfices pour la santé des personnes.

Tout n’est pas allé facilement pour ‘Better Place’ depuis que j’ai parlé avec le président de la compagnie Idan Ofer pour un article dans cette colonne il y a deux ans.

Il remarqua à cette date que l’Amérique dépense des milliards de dollars chaque année pour le pétrole importé, et évalua convenablement que la motivation pour se débarrasser de ce type de montants était immense, suivant la crise économique, les impératifs environnementaux et les régimes répugnants que soutient cette dépense.

Mais ‘Better Place’ espérait un rôle plus central et anticipait une révolution de la voiture électrique dirigée par Barack Obama. Le gouvernement des USA a alloué plusieurs milliards de dollars pour encourager ses géants constructeurs de voitures à abandonner la technologie d’hier et entamer la transition vers les stations de chargement électrique.

Il y a eu une critique du rôle dominant de ‘Better Place’ en Israël, - dont la suggestion, fermement niée par la compagnie, qu’elle avait manoeuvré pour obtenir un monopole. Son modèle commercial, dans lequel elle s’intègre elle-même comme « fournisseur commercial indirect », placée entre l’acheteur de voiture et le fournisseur national d’électricité, a aussi été vilipendé comme fonctionnant au détriment du consommateur.

Les principaux constructeurs mondiaux de voitures, comme l’a écrit récemment l’analyste de ‘Globes’ Dudi Ben-Gedalyahu, « conçoivent des véhicules pour un chargement sans restriction sur le réseau national d’électricité. De cette façon, ils pourront vendre des voitures électriques de la même manière qu’ils vendent des voitures classiques : Tire et oublie (1) ».

« La plupart des pays occidentaux soutiennent cette approche et même l’encouragent sur des bases environnementales. Si l’Etat considère que le véhicule électrique est vraiment propre et vert, comme ses partisans le proclament, alors il est dans l’intérêt de l’Etat, ou bien dans l’intérêt des autorités municipales, de stimuler son usage aux dépens des alternatives polluantes », ajoutait-il.

« Donc, de grandes villes comme Londres, Berlin et San Francisco mettent actuellement en place des stations publiques de chargement avec des prix de recharge subventionnés, ou au moins des prix stables ».

Même ainsi cependant, ils sont encore loin derrière ‘Better Place’ promu par Israël. Et les dirigeants de ‘Better Place’ remarquent que, les choses étant ce qu’elles sont, avec notre réseau de distribution local inadéquat – souvent au point de rupture, lorsque les appareils d’air conditionné combattent nos étés les plus longs et les plus chauds – pourrait bien faire face à un effondrement total sous la tension de connections directes de voitures électriques sans régulation, dans tout le pays.

De plus, alors que les technologies adaptées deviennent plus étendues et perfectionnées, la firme sait qu’elle devra entrer en concurrence sur un terrain de plus en plus encombré et extrêmement compétitif.

Dans l’ensemble, c’est seulement en 2007 que ‘Better Place’, a été fondé par Agassi : sa société a manifestement fait d’extraordinaires progrès, en levant plus de 750 millions de $, en obtenant une garantie du gouvernement israélien en 2008, en signant des contrats pour des voitures électriques avec plus d’une vingtaine de pays, et en se concentrant maintenant sur ses opérations en Israël, au Danemark, en Australie, au Japon (où elle a effectué une étude pilote avec des taxis électriques) et en Amérique du Nord.

Ce que l’on peut attendre raisonnablement, c’est que comme la motorisation Zero Emission le prouve par elle-même, des gouvernements dans le monde entier vont réclamer de se tenir derrière le volant, stimulés par la demande publique.

On ne sait pas encore si Israël ou le Danemark gagnera la course pour rouler à l’électricité à une échelle nationale viable, mais ‘Better Place’ indique que le processus devrait être bien avancé dans les deux pays dans tout juste un an.

La détermination du prix – des voitures elles-mêmes, et les divers contrats de services - que ‘Better Place’ offrira aux conducteurs qui se joindront à son réseau – doit encore être finalisée. Mais la compagnie souligne que les coûts seront compétitifs. Toutes sortes de processus sont en cours de mises en place, et il est raisonnable de penser que la bureaucratie israélienne – y compris les réjouissances du travail avec la Corporation Electrique d’Israël – mettra encore quelques obstacles sur la route de ‘Better Place’.

Mais si Ofer, en décembre 2008, m’a encouragé à « Imaginer qu’Israël en 2011 sera inondé de voitures électriques », il pourrait bien prouver n’être qu’à quelques mois du compte.

L’arrêt optionnel, et à la fin de la visite au centre de Pi Glilot, permet de savoir à quoi ressemble une incarnation impeccablement verte du bureau du vendeur de voitures. Un employé souriant, revêtu d’une chemise blanche étincelante et fraîche, est assis près de vous devant un écran d’ordinateur ; il prend vos nom et numéro de téléphone, vous demande quelle est votre voiture actuelle, où vous la stationnez, quel est votre kilométrage annuel, et si vous seriez intéressé par une alternative Zero Emission.

A une date ultérieure l’an prochain, ils vous appelleront sûrement pour savoir si cette aimable question théorique doit se réaliser.


Note du traducteur :

1) Fire and Forget : en référence à des missiles sans nécessité de guidage supplémentaire


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