Par Alain Rajchman
mercredi 28 juillet 2004
Le ton des articles de la presse arabe concernant Yasser Arafat ne trompe pas. Au prix de lourdes pertes civiles, Israë l a gagné militairement la seconde intifada. Pour la première fois, cette victoire pourrait aussi déboucher sur une ouverture politique.
Quand un journal du Koweït titre que le Président Arafat, comme Saddam, a conduit son peuple au terrorisme, à la destruction et à la mort et que de tels propos sont relayés dans de nombreux quotidiens du monde arabe, on sent que l’heure des comptes sonne pour le raïs palestinien.
L’excellent service de traduction de MEMRI et reproduit sur Desinfos.com ) nous permet de mieux saisir les termes de l’éditorial d’Ahmad Jarallah, le rédacteur en chef du quotidien koweïtien Al-Siyassa : « Finalement, les Palestiniens commencent aujourd’hui à saisir les rênes entre leurs propres mains. Ils ont commencé à agir directement contre les hommes d’Arafat, les tsars de la corruption (…). Arafat lui-même doit partir, en tant que chef de l’Autorité Palestinienne corrompue, et comme personnalité dont la survie politique est vaine, particulièrement lorsque le bras armé du Fatah, qu’il dirige, l’accuse d’être responsable de cette tragédie (…)  »
Il ajoute : « Arafat a détruit les fondements de la vie du peuple palestinien, et l’a entraîné vers le terrorisme, la destruction et la mort gratuite sous l’empire du désespoir. Il a mis la terre en lambeaux, comme Saddam avait mis la patrie irakienne en lambeaux et avait humilié son peuple. Cet homme a atteint le stade de l’ineptie politique, qui s’illustre par sa volonté de s’accrocher au pouvoir et d’espérer une plus grande longévité.  »
Sur la corruption : « Le chef de la corruption est Arafat lui-même, et les premiers à en être conscients sont les dirigeants arabes (…). Ouvrir la voie vers la paix ou vers la feuille de route sera impossible tant que cet homme, qui malmène l’existence de son peuple pour survivre, restera [au pouvoir].  »
Depuis 4 ans, les Israéliens ont également payé très cher la tragédie que dénonce cet article. Yasser Arafat, par sa politique de refus, a tourné le dos aux Accords d’Oslo pour tromper son peuple et Israë l. Il faudra à nouveau du temps pour permettre aux uns et aux autres de retrouver la confiance nécessaire à la reprise du dialogue.
Le départ d’Arafat s’impose donc aujourd’hui comme un préalable évident. Il pourrait marquer un clivage dans le monde arabo-musulman avec des Palestiniens qui accepteraient enfin l’existence d’Israë l pour trouver une solution viable et durable de coexistence, et des irréductibles de la destruction d’Israë l.
Ce qui apparaît comme un tournant positif est l’étendue de la critique envers Yasser Arafat dans une partie de la presse arabe, dont on connaît pourtant le niveau de contrôle politique.
Un pas est donc certainement franchi. C’est pourquoi il serait regrettable que le clan des irréductibles de la délégitimation d’Israë l conservent au sein de l’ONU une audience complaisante en faveur de leurs ambitions destructrices.