La commission de vérification militaire, dirigée par le général de réserve Guiora Eiland, qui avait été mise en place il y a un mois pour enquêter sur l’assaut lancé contre la flottille à destination de Gaza, a rendu hier ses conclusions. La commission a constaté qu’une série d’erreurs graves a été commise au niveau de la collecte de renseignements concernant la flottille, de la collaboration entre les différents services de renseignement et de l’élaboration du plan opérationnel en vue de l’assaut. La commission n’a cependant pas recommandé que des mesures soient prises contre quiconque des personnes impliquées dans l’opération.
Le rapport de la commission, qui comporte plus d’une centaine de pages, a été remis au chef d’état-major, Gaby Ashkenazi. Dans son communiqué, le général Eiland a déclaré : « A ma grande satisfaction, notre enquête a conclu qu’il n’y a pas eu de dysfonctionnement ou de négligence significatives. Il y a eu cependant des erreurs à des échelons relativement élevés qui ont fait que le résultat n’a pas été celui attendu  ». Le général Eiland a également évoqué certains comportements « dignes de félicitations  » dont, notamment, l’action des soldats des commandos marine à bord et l’évacuation des blessés.
La commission a établi que, jusqu’au début de l’année 2010, les différents services de renseignement israéliens ne considéraient pas l’organisation IHH, qui a mené la flottille, comme autre chose qu’une organisation caritative islamique récoltant des fonds pour le Hamas. On n’estimait pas alors que l’organisation pourrait rechercher un affrontement violent avec Tsahal. En outre, lorsque les services ont commencé à mieux comprendre la nature de l’IHH, il n’y a pas eu assez d’efforts dans le domaine des renseignements.
Ces erreurs, affirme la commission, ont fait que ceux qui ont préparé l’opération ne disposaient que d’un tableau incomplet de la situation et que les plans ont été établis sur la base de l’hypothèse selon laquelle les soldats ne se heurteraient qu’à une résistance sporadique. Même si la possibilité de tirs était envisagée, on ne s’attendait pas à ce que plusieurs dizaines de militants soient prêts à un affrontement aussi violent, à tuer et à être tués. La commission Eiland a critiqué le fait qu’aucun plan alternatif n’ait été préparé et qu’il n’y ait pas eu, au cours de l’opération, une équipe chargée de constater d’éventuels dysfonctionnements du plan originel.
La commission a établi qu’il y a eu au moins quatre cas où des passagers du Marmara ont ouvert le feu sur les soldats. Certains de ces tirs ont été effectués à partir de pistolets pris aux soldats des commandos marins, mais on a trouvé aussi à bord des munitions d’un autre type et on estime que les armes utilisées par les militants turcs ont été jetées par-dessus bord avant que Tsahal ait pu perquisitionner à bord.
De hauts responsables militaires ont déclaré que Tsahal se prépare à intercepter, si nécessaire par la force, le cargo libyen en route vers la bande de Gaza. Le navire pourrait approcher les côtes de Gaza dès cette nuit et pour l’heure on ignore s’il tentera d’accoster dans la bande de Gaza ou dans le port égyptien d’el-Arish, comme le prévoit son plan de route officiel.