MEMRI Middle East Media Research Institute
dimanche 28 mars 2010, par Desinfos
En prévision du Sommet arabe, le « Camp de la résistance » arabe et l’Iran ont appelé à une nouvelle Intifada contre Israë l et l’Autorité palestinienne, et à délégitimer la reprise des négociations de paix, tandis que l’objectif déclaré du Sommet est de favoriser « une paix juste et globale » incluant « le retrait israélien de la Syrie, du Liban et de la Palestine »
Introduction
Ces dernières semaines, les conflits opposant les deux principaux camps au Moyen-Orient, le « camp de la résistance » - dirigé par les mouvements de résistance, l’Iran, la Syrie et le Qatar - qui soutient la lutte armée contre Israë l et s’oppose à des négociations -, et le camp modéré - dirigé par l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie et l’Autorité palesti nienne - qui soutient une solution politique du conflit avec Israë l-, ont refait surface avec, en toile de fond, le désaccord entre les Etats-Unis et Israë l sur la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est.
Malgré des désaccords fondamentaux entre les deux camps, de nombreux efforts ont été déployés pour parvenir à une entente, en prévision du prochain Sommet de la Ligue arabe en Libye. Dans le même temps, toutefois, le camp de la résistance mène une campagne intensive pour lancer une troisième Intifada visant à délégitimer les efforts de relance des négociations avec Israë l et à enterrer l’Initiative de paix arabe. Cette approche bénéficie du soutien de dignitaires religieux des Frères musulmans et de chaînes satellitaires telle Al-Jazeera.
Le camp modéré estime en revanche que l’escalade des hostilités dans la région conduirait à une prise de pouvoir du Hamas en Cisjordanie et servirait les intérêts de l’Iran – au moment peu opportun où le conflit s’envenime entre Israë l et les Etats-Unis.
Comme on s’en souviendra, la guerre froide entre ces deux blocs dans le monde arabe est apparu en 2006 après la Guerre du Liban, quand les pays modérés se sont élevés contre la politique du Hezbollah et de ses appuis : l’Iran, la Syrie et le Qatar. Elle a atteint son paroxysme lors de la guerre de Gaza (décembre 2008-janvier 2009), lorsque le camp modéré a pris position contre la politique du Hamas, face à un camp pro-résistance qui le soutenait.
Les efforts déployés pour parvenir à une entente entre les deux camps, malgré les différends, sont à considérer dans le cadre d’une politique saoudienne globale visant à permettre la mis e en place d’un front arabe unifié solide et influent, comme en témoigne le rapprochement entre l’Arabie et la Syrie au cours de l’année écoulée. Toutefois, cette politique n’a pas, pour l’heure, permis la réconciliation inter-arabe : elle n’a pas suscité de rapprochement entre la Syrie et l’Egypte ni de réconciliation inter-palestinienne. En outre, les positions de la Syrie et de l’Arabie saoudite vis-à -vis d’Israë l demeurent divergentes : l’Arabie saoudite soutient une solution politique tandis que la Syrie demeure favorable à la résistance.
Le Sommet arabe en Libye, qui entend établir une position unifiée sur les questions relatives à Jérusalem, se concentrera sur la stratégie à adopter face à Israë l - négociations ou résistance. On peut penser que les appels à une troisième Intifada et au gel des négociations avec Israë l visent à faire pression sur les pays arabes modérés afin qu’ils durcissent leur position vis-à -vis d’Israë l. Le Secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a déjà annoncé que « l’annulation de l’initiative de paix » ferait l’objet de discussions lors du Sommet. L’Arabie saoudite qui, pour sa part, a déjà déclaré que « l’Initiative arabe ne resterait très longtemps sur la table », a appelé à trouver d’autres s olutions non violentes pour exercer des pressions au niveau international. Il semble toutefois que la Syrie et l’Arabie saoudite se soient entendues pour que l’Initiative de paix arabe ne soit pas abrogée lors du Sommet.
Ainsi, parallèlement à la campagne du « camp de la résistance » et de l’Iran pour une nouvelle Intifada contre Israë l et l’Autorité palestinienne, et contre la reprise des négociations de paix, le Sommet arabe s’est fixé pour objectif d’établir une « paix juste et globale » incluant le « retrait israélien de la Syrie, du Liban et de la Palestine » comme la stratégie à adopter.
Un autre sujet qui devrait faire l’objet d’un consensus est la proposition syrienne de créer un dispositif susceptible de résoudre les litiges intra-arabes. Il s’agirait de mettre en place un nouvel organe, une troïka « arabe » (qui, apparemment, inclurait l’Arabie saoudite, la Syrie et l’Egypte), chargée de résoudre les conflits inter-arabes. Il semble que cette proposition vise à faciliter l’implication syrienne dans la réconciliation inter-palestinienne et à lui permettre d’acquérir un statut central dans le monde arabe. En outre, cet organe, s’il est créé, contribuera à éloigner le nouvel Irak chiite des centres décisionnaires arabes – ce qui est perçu comme étant dans l’intérêt aussi bien de la Syrie que de l’Egypte et de l’Arabie saoudite.
Lire le rapport intégral en anglais : http://www.memri.org/report/en/0/0/...