Réaction àl’article d’Elisabeth Schemla - Le Figaro 03/05/04

R.Dajoux

jeudi 6 mai 2004


Habitant Jérusalem depuis quinze ans, j’ai le grand bonheur d’avoir quitté un exil de 2000 ans et de vivre ànouveau dans le pays de mes ancêtres et celui de notre avenir.

L’appel d’Elisabeth Schemla* aux juifs et àla République contre l’antisémitisme me semble plus anachronique que pathétique. Clermont-Tonnerre ne disait-il pas déjà : Tout pour le juif en tant qu’individu ; rien en tant que peuple. Le « mal être » d’Elisabeth Schemla n’est que la traduction du syndrome de Stockholm des juifs de l’exil. La maladie de l’exil l’indispose et l’amène, paradoxalement, àconsidérer les juifs qui quitteraient l’hexagone comme des « déserteurs », des juifs qui « s’exilent »â€¦. en Israë l !!

N’est-il pas temps de sortir de la confusion des identités. Le juif qui a su s’adapter àtant de cultures et de civilisations étrangères aurait-il peur, aujourd’hui de retrouver sa véritable identité sur la terre de ses ancêtres ?

N’est-il pas dérisoire de vouloir créer des lobbies ou des communautés ? N’est-il pas temps de rejeter le masque obséquieux de la double allégeance ? N’est-il pas plus exhalant pour le juif de réintégrer son peuple, de reconstruire sa nation, de quitter un ancrage àune identité d’adoption pour retrouver son identité originelle ?

La victoire sur l’antisémitisme n’est pas dans la volonté de changer l’attitude de l’autre, mais dans le retour àla mission morale du peuple juif sur sa terre. C’est ce qu’en hébreu on appelle la téchouva.

R. DAJOUX

Jérusalem


* Les juifs, la République et l’antisémitisme. Le Figaro 03/05/04


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