MEMRI
mercredi 21 avril 2004
Dans un article intitulé « Echos coloniaux », publié dernièrement dans Al-Ahram Weekly, Galal Amin, professeur d’économie à l’université américaine du Caire, réagit à l’Initiative pour un Grand Moyen-Orient du gouvernement américain. Voici quelques extraits de l’article : (1)
L’Initiative américaine pour un Grand Moyen-Orient : dans quel but et pourquoi maintenant ?
" Après avoir parcouru quelques lignes de l’Initiative pour un Grand Moyen-Orient, on est saisi d’incrédulité. Cette initiative se trouve en tête du programme de la conférence du G8 prévue pour juin aux Etats-Unis. Le texte, publié le 13 février dans le quotidien Al-Hayat, édité en arabe à Londres, plonge dans les insuffisances des sociétés arabes dès la ligne 3. Un petit paragraphe introductif, et nous voilà aux prises avec les horreurs du monde arabe. Le PNB combiné des pays membres de la Ligue arabe est inférieur à celui de l’Espagne, par exemple. Près de 40% des Arabes adultes, soit 65 millions de personnes, sont analphabètes, dont deux tiers de femmes. La liste ne s’arrête pas là , établissant, dès la première phrase, que la situation représente un ’défi et une occasion unique pour la communauté internationale.’
Une occasion de quoi, au juste ? De réforme ? Dans quel domaine ? De renaissance ? Dans quel secteur ? L’initiative mentionne trois secteurs de réforme, sur la base des deux rapports sur le développement humain dans les pays arabes publiés par le PNUD en 2002 et 2003. Le texte se réfère fréquemment aux rapports du PNUD, soulignant que ses auteurs sont arabes. Ce qui signifie que leurs conclusions concernant les problèmes dans leurs propres pays sont au-delà de tout doute, c’est bien ça ? Le texte de l’Initiative mentionne trois domaines où les Arabes sont tout particulièrement en tort : a) la démocratie, b) l’instruction, c) l’émancipation des femmes. L’Initiative s’étend sur l’ ’expansion’ de l’opportunité économique dans le monde arabe. « Quel intérêt avez-vous à vous mêler de nos affaires ? Sommes-nous allés nous plaindre chez vous de notre démocratie, de [l’état de] nos connaissances ou de [l’émancipation de] nos femmes ? Sommes-nous allés vous demander de l’aide ? » La première phrase qui devrait venir à l’esprit des Arabes est : qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Quel intérêt avez-vous à vous mêler de nos affaires ? Sommes-nous allés nous plaindre chez vous de notre démocratie, de [l’état de] nos connaissances ou de [l’émancipation de] nos femmes ? Sommes-nous allés vous demander de l’aide ? Plus on y pense, plus l’ensemble paraît insultant. D’abord, parce que les maux évoqués par le texte - au sujet de la démocratie, de l’instruction et des femmes - remontent à des décennies, si ce n’est à des siècles. Pourquoi ce désir soudain de redresser les torts ? Pourquoi maintenant ? (…)
La seule explication que propose l’Initiative pour un Grand Moyen-Orient est que la situation pitoyable dans laquelle se trouvent les pays arabes a engendré la terreur arabe et islamique et que celle-ci menace la sécurité américaine et européenne, ainsi que le prouvent les événements du 11 septembre. Donc il faut bien faire quelque chose. Selon le texte de l’Initiative, ’les trois insuffisances’ mentionnées par les auteurs arabes des deux rapports de l’ONU, de 2002 et 2003, sur le développement des pays arabes - [dans les domaines de] la liberté, la connaissance et l’émancipation des femmes - créent des conditions défavorables aux intérêts des membres du G8. Tant que le nombre de personnes privées de droits politiques et économiques continuera de croître, la région connaîtra une progression de l’extrémisme, de la terreur, du crime international et de l’immigration illégale.’ « » Aucune preuve décisive que le 11 septembre soit le fait de la terreur arabe islamique ; les Américains sont peut-être responsables. "