MEMRI
mercredi 10 mars 2004
Umm Nidal Farhat (1) a attiré pour la première fois l’attention du public avec un film où elle aidait son fils Mohammed Farhat à quitter sa demeure pour aller perpétrer l’attentat du 20 mars 2002, au cours duquel il périt. Près d’un an plus tard, son fils cadet, Nidal, était abattu par les forces israéliennes. Dans une interview publiée aussi bien dans l’hebdomadaire arabe israélien Kol Al-Arab que dans le quotidien Al-Qods Al-Arabi, édité en arabe à Londres, Umm Nidal a réaffirmé que le martyre (shahada) constitue l’acte le plus élevé qui soit et l’un des principes de base de l’islam.
" Question : Pour commencer, parlons du shahid Mohammed. Vous êtes patiente et croyante. Mais ce qui rend le martyre de votre fils Mohammed particulier est que vous lui avez demandé de partir en djihad et de ne revenir qu’en martyr.
Umm Nidal : Allah soit Loué. Il s’agit là d’un des principes de base de l’islam, auquel nous sommes attachés. Nous sommes des musulmans croyants. C’est la force de la foi qui nous pousse à perpétrer ces actes. Je me considère comme la mère de tous les shahids, pas seulement comme celle de Mohammed et Nidal.
Tous les combattants poursuivis par Israë l sont passés par chez moi, comme par exemple le héros et shahid Imad Aql [l’un des premiers commandants des Brigades Ezzedine Al-Qassem]. Je considère ces jeunes responsables et les fils du peuple palestinien comme mes propres fils. J’ai toujours aspiré à être la mère d’un shahid. Mon fils Nidal me disait : ’Ne meurs pas avant de devenir la mère d’un shahid’.
Question : Qu’est-ce qui a changé dans la vie d’Umm Nidal, devenue la mère de deux shahids ?
Umm Nidal : Rien n’a changé. La force et l’honneur en sont sortis grandis. Peu m’importe d’avoir deux ou trois [fils] shahids. Je suis prête à ce que tous mes fils soient shahids. Ce qui compte, c’est de faire la volonté d’Allah et de mener le djihad pour la patrie. Telle est la grâce [d’Allah], car nous sommes au service de la religion et de la patrie.
Question : Le shahid Mohammed était célibataire, mais Nidal était marié et avait des enfants. Ses enfants posent-ils des questions à son sujet ?
Umm Nidal : (…) Chaque jour, j’ai mal en voyant les fils du shahid Nidal. Imad, le fils aîné de Nidal, âgé de quatre ans, m’a demandé il y a quelques jours : ’Où est mon père ? Pourquoi est-il devenu shahid ? Il me manque.’ Ces paroles me brà »lent le cÅ“ur. Les fils de Nidal me consument le cÅ“ur chaque jour (…)
Question : On vous appelle Khansaa Falastine. (3) Que dites-vous de cela ?
Umm Nidal : Qu’il plaise à Allah que je sois digne de porter ce nom, mais je ne crois pas être la seule à mériter cet honneur. Si vous considérez la situation des femmes en Palestine, celle des mères et des épouses, vous verrez les merveilles qui font qu’on peut [elles aussi] les appeler Khansaa.
Question : Si vous pouviez transmettre un message aux deux shahids Mohammed et Nidal, que leur diriez-vous ?
Umm Nidal : Je leur dirais : ’Mes fils, je prie Allah de vous voir [un jour] au Paradis et qu’il agrée votre shahada. Vous avez obéi au commandement d’honorer votre père et votre mère [de la meilleure des façons].’Je ne pouvais espérer que mes enfants honorent leur père et leur mère [d’une meilleure façon] que par la shahada pour Allah.
Question : Quel est votre message aux mères des shahids ?
Umm Nidal : Je leur tiens la main ; je leur demande de se montrer patientes et de se rappeler que la mort par le martyre ouvre les portes du paradis au martyr. Je prie pour qu’Allah les renforce parce que la douleur est dure à endurer et difficile à oublier. Mais je leur dis à toutes : ’Malgré la douleur, les batailles et le sang versé, nous devons poursuivre le djihad jusqu’à la victoire ou la shahada, jusqu’à la libération de la patrie tout entière. La récompense du musulman croyant est éternelle.’ Cette terre est la terre du front de guerre de l’islam, et c’est pour nous un grand honneur que de pouvoir y vivre. Allah soit Loué de nous avoir choisis comme habitants de cette terre. Allah soit Loué d’avoir choisi mes deux fils pour shahids. Toute mère ou épouse palestinienne doit être fière de ce qu’Allah ait choisi son mari ou son fils pour shahid. C’est ce qui pouvait leur arriver de mieux en ce monde et dans le monde à venir. "
(1) Pour en savoir plus sur Umm Nidal, voir l’Enquête et analyse n° 101 de MEMRI
L’émission télévisée Direction opposée du 29 juin incluait un débat sur les attentats suicides. Etaient présents le professeur Sari Nusseibeh, alors en charge du portefeuille de Jérusalem de l’Autorité palestinienne, Khaled Meshal, chef du bureau politique du Hamas, et Umm Nidal, apparue dans un enregistrement vidéo des dernières volontés de son fils, effectué avant qu’il n’aille perpétrer l’attentat. Ce débat a eu lieu dans le contexte des interrogations soulevées au sein de l’Autorité palestinienne sur le bien fondé des attentats suicides contre des civils israéliens.
(2) Kol Al-Arab (Israë l), le 27 février 2004 ; Al-Qods Al-Arabi (Londres), le 28 février 2004.
(3) La poétesse Al-Khansaa, convertie à l’islam au temps du prophète Mahomet, est considérée comme « la mère des shahids » parce qu’après la mort de ses quatre fils au cours de la bataille d’Al-Qadassiyya (en 637), elle n’a pas porté le deuil, mais a remercié Allah de l’avoir « honorée de leurs morts ».
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