Muhammad Ali Ibrahim, député égyptien et rédacteur d’un journal gouvernemental : la Syrie est le vassal de l’Iran et du Qatar

MEMRI | Middle East Media Research Institute

lundi 3 novembre 2008, par Desinfos

Le 13 octobre 2008, le quotidien koweitien Al-Rai a publié une déclaration du Premier ministre syrien Muhammad Naji’Utri, particulièrement critique vis-à-vis de l’Egypte. (1) Ali Ibrahim, député égyptien et rédacteur en chef du quotidien égyptien Al-Gomhouriyya, a réagi par un article qui dépeint la Syrie comme le vassal de l’Iran et du Qatar et lui reproche la situation actuelle au Liban. Il accuse en outre la Syrie de semer la discorde parmi les Palestiniens et de contribuer àla propagation du chiisme dans les pays sunnites.


La Syrie fait preuve de duplicité en politique étrangère

« Je suis parfois surpris des déclarations faites par de hauts responsables syriens. Elles reflètent la politique étrangère hypocrite de la Syrie, avec un oeil tourné vers les besoins arabes intérieurs et l’autre vers l´égoïsme et la domination. Je présenterai des exemples afin de prouver aux frères en Syrie que la fissure (…) créée par le parti Baath dans la (nation) arabe ne sera pas oubliée par l’histoire, ni effacée par le temps.  »

« Le premier ministre syrien, Muhammad Naji, a fait ses déclarations lors d’une conférence de presse tenue àDamas, devant les journalistes arabes et étrangers présents pour le septième Festival de la route de la soie. C’est devant ces hommes de médias qu’Utri a stimulé son appétit pour les discours publics. Pour autant que je sache, il n’y avait pas de correspondants militaires ou politiques, car aucun des participants n’a jugé bon de corriger l’information sur les nombreux sujets traités par Utri, que nous allons maintenant aborder un àun.  »

Les relations américano-égyptiennes sont basées sur l’égalité ; ce ne sont pas des relations de maître-vassal comme celles qui existent entre la Syrie et l’Iran

« Le premier ministre syrien a condamné l’Egypte, qui ne remplirait plus son rôle de leader de la nation arabe. Je voudrais répondre aux arguments spécieux d’Utri en lui disant que personne, ni lui ni qui que ce soit d´autre, ne peut déterminer le statut de l’Egypte. Le statut de l’Egypte (est déterminé par) l’indépendance de ses décisions (et par la défense) des intérêts de sa population et de la nation arabe…  »

« M. Utri (…) Quand l’Egypte a signé le traité de paix avec Israë l, elle l’a fait au grand jour et devant le monde entier, sans recourir àdes médiateurs ou àune tierce partie ; elle n’était pas assistée par la Turquie. L’Egypte a pris une décision courageuse et affiché le traité de paix devant le monde entier. Certains l’ont accepté, d’autres non – mais quoi qu´il en soit, l’Egypte n’est pas devenu un disciple fidèle des Etats-Unis, comme vous le prétendez.  »

« Le Caire a rejeté de nombreuse requêtes américaines (car) elles entraient en contradiction avec notre politique, nos intérêts et principes. Ainsi, lorsqu’en 2003, les Etats-Unis ont envahi l’Irak, et avant cela aussi, (l’Egypte a refusé) d’y envoyer ses troupes. L’Egypte, de la même manière, a tenu bon dans son refus d’accueillir des bases militaires en Egypte, ou de leur accorder un passage, que ce soit par terre ou par mer.  »

« Les relations américano-égyptiennes sont basées sur l’égalité ; ce ne sont pas des relations maître-vassal, comme celles qui existent entre vous (la Syrie) et Téhéran ou Doha. Cher M. Utri, l’Egypte n’est pas le disciple des Etats-Unis ; elle a sa propre position indépendante sur chaque sujet. L’Egypte a une politique claire qui ne se cache pas derrière quelque groupe ou milice situé en-dehors des frontières du régime légal, comme vous avec le Hamas et le Hezbollah au Liban (…)  »

La Syrie est responsable de la guerre civile au Liban

« M. Utri, l’Egypte ne s’est jamais emparé d’un pays arabe en semant la destruction àdroite et àgauche. Comment pouvez-vous parler de stabilité au Liban quand vous l’avez mené àla situation actuelle ?! Le monde entier sait de quelle façon vous avez organisé les affrontements, mettant sur écoutes des politiciens et religieux haut placés, armant des milices.  »

« La guerre civile au Liban n’est-elle pas l´œuvre de vos mains, le résultat de votre politique ? N’est-ce pas vous qui avez entravé les accords de Taë f, de 1989 à2005 ? L’ouverture d’une ambassade au Liban n’est-elle pas devenue une affaire urgente àcause de la demande du président français Sarkozy, après qu’Assad l’eut rencontré deux fois ?  »

« M. Utri, ne vous (permettez) pas de parler du recul de quelque (pays) que ce soit, car c’est vous qui avez renoncé il y a longtemps, (autorisant) Téhéran et Doha à´vous chevaucher´. Pendant que l’Egypte défendait la cause palestinienne aussi bien sur la scène internationale que sur la scène arabe, vous étiez occupé àrépandre la discorde (parmi les Palestiniens) en subventionnant un côté et en accueillant l’autre. (Vous avez empêché la création) d’un Etat (palestinien) indépendant et êtes devenu un intermédiaire (2) pour le compte de l’Iran, recevant des fonds et des instructions de ce pays.  »

« Alors pourquoi ne recevriez-vous pas de l’argent du Qatar aussi, afin d´accroître vos revenus ? M. Utri, nous savons tous comment l’accord de Doha a vu le jour, et àquel prix. Nous savons tous quelles menaces le Qatar a employé pour convaincre Damas de persuader ses alliés au Liban de signer ces accords. Nous connaissons également tous trop bien la raison de la soudaine augmentation des investissements qataris dans votre (pays).  »

« Notez que je n’ai pas été surpris d´apprendre que vous niiez les tentatives visant àinfiltrer et répandre le chiisme dans les pays sunnites, car je sais que des prédicateurs et imams des mosquées de Damas reçoivent leur salaire mensuel d’Iran, 200 dollars pour un ouléma, 80 dollars pour les prédicateurs. Cela fait partie d’un plan pour éliminer les pays sunnites du monde arabe.  »

« Vous soutenez la propagation du chiisme car dans votre (pays), les hauts postes sont tenue par des alaouites, (bien qu’) ils soient une minorité qu sein de la majorité sunnite. C’est pourquoi vous ne vous opposez pas àla propagation du chiisme dans monde arabe, et c’est pourquoi la Mosquée omeyyade, bastion de la sunna, devient progressivement un territoire iranien…  » (3)




(1) Dans son article, Utri affirmait que les relations entre les peuples égyptien et syrien s´étaient toujours distinguées par l’amour et l’estime, et que les deux pays avaient beaucoup en commun, notamment en ce qui concerne leur rôle dans la guerre d’octobre 1973 contre Israë l. Utri déplorait toutefois que l’Egypte se soit éloignée de la Syrie et que son attitude àson égard eà»t changé. Il faisait état de deux camps dans la région, l´un incluant l’Egypte, qui aiderait les Etats-Unis àpromouvoir leurs intérêts, et l’autre incluant la Syrie, qui résisterait aux diktats américains dans les affaires régionales. (Al-Rai, Koweït, 13 octobre 2008)

(2) Le mot arabe simsar, intermédiaire, peut également signifier « proxénète ».

(3) Al-Gomhouriyya, Egypte, 19 octobre 2008



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