Par Ivan Rioufol | Le Figaro
vendredi 15 août 2008
Moscou a donc fixé ses conditions à l’Occident. Elle a été jusqu’à faire disparaître, dans les documents négociés, le principe de l’intégrité territoriale géorgienne. Pour la Russie, qui a envahi un pays démocratique, l’agresseur est le président géorgien Mikheil Saakachvili, coupable d’avoir voulu riposter aux provocations séparatistes encouragées par Vladimir Poutine en Ossétie du sud et en Abkhazie.
Et cette version du vainqueur a de très honorables défenseurs en France, telle Hélène Carrère d’Encausse. Ce jeudi, dans Le Figaro, le secrétaire perpétuel de l’Académie française, se réjouit du retour de la Russie sur la scène internationale. Mais le prix que paiera l’Europe de sa lâcheté sera élevé.
Si rien ne vient corriger très vite cette débandade occidentale, l’unité européenne ne se relèvera pas de ce qui est déjà vécu comme une humiliation par les anciens pays de l’Est, qui avaient choisi de s’allier au camp des démocraties pour fuir à jamais l’impérialisme russe.
Après la Géorgie mâtée, à qui le tour ? Comme le dit le président Saakachvili : « La Géorgie est le champ de bataille pour les valeurs de l’Occident ». Mais personne ne se bouscule, jusqu’à présent, pour les défendre. Et c’est bien cette couardise, prévisible, qui fait honte et force au pessimisme. Il est aisé d’imaginer, par exemple, la satisfaction de l’Iran, soutenue par la Russie, devant cette débâcle des démocraties, incapables de solidarité entre elles. L’Occident se réveillera-t-il enfin ?