AP
vendredi 13 février 2004
La France « sera toujours aux côtés d’Israë l » chaque fois que « la légitimité de son existence » sera menacée, assure avec force Jacques Chirac à trois jours du début de la visite d’Etat en France du président israélien Moshe Katsav.
Dans un entretien publié vendredi par le quotidien israélien Yediot Ahronot, le président français « comprend qu’Israë l mette au premier rang de ses préoccupations la sécurité de ses citoyens ». « Personne n’oublie en France les terribles et inacceptables attentats terroristes qui ont endeuillé votre peuple », souligne Jacques Chirac.
L’hôte de l’Elysée souhaite que la visite que doit effectuer Moshe Katsav du 16 au 20 février soit « une nouvelle occasion de célébrer l’amitié » franco-israélienne « comme de souligner la force et l’intensité des liens » entre les deux peuples.
« Certains dans votre pays laissent à penser que la France n’aimerait pas Israë l. Cela est faux. Nous sommes l’un des plus vieux amis d’Israë l », rappelle Jacques Chirac.
Le président français assure qu’il ne « transigera jamais » sur le droit d’Israë l à « vivre en paix et en sécurité dans des frontières incontestées ». Dans le même temps, il rappelle « l’urgence » de régler le conflit israélo-palestinien grâce à « une négociation fondée sur les grands principes reconnus par le droit international ».
Invité à donner son sentiment sur Ariel Sharon, Jacques Chirac se refuse à porter un jugement sur « le Premier ministre d’un gouvernement démocratique », soulignant simplement que « M. Sharon est le Premier ministre d’un gouvernement démocratique dans un pays démocratique »Ma conviction, c’est que, face à un problème d’affrontement, il faut tout faire pour favoriser le dialogue", observe-t-il cependant.
Le président Jacques Chirac souhaite avoir des contacts « plus fréquents » avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon dont il constate « la force des convictions ».
« J’ai toujours constaté, derrière la personnalité de chacun de vos hommes politiques, la force des convictions et une exigence absolue concernant l’avenir d’Israë l », dit le président dans cette interview dont le texte a été rendu public à Paris par l’Elysée.
« Ariel Sharon est un homme de cette trempe », affirme-t-il en ajoutant souhaiter que les « contacts soient plus fréquents ». A l’image des relations franco-israéliennes souvent tendues, ceux-ci sont rares. Leur dernière rencontre remonte à une visite de M. Sharon à l’Elysée le 5 juillet 2001.
La mise en oeuvre concrète du projet d’Ariel Sharon d’évacuer les 17 implantations israéliennes de la bande de Gaza « marquerait un premier pas très positif dans le sens de l’application de la feuille de route » pour la paix au Proche-Orient, estime Jacques Chirac dans son entretien dans « Yediot Ahronot »
Le président français appelle cependant Israë l à « respecter les engagements pris en matière de suppression des implantations sauvages et de l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie ».
Il estime que la construction de la barrière entre Israë l et les territoires palestiniens « créera de nouvelles frustrations et davantage de colère ».
Jacques Chirac incite par ailleurs les Palestiniens « à agir conformément à la feuille de route et d’abord à l’égard des groupes qui pratiquent le terrorisme ».
« Alors une évolution positive de part et d’autre permettra de relancer un processus négocié », espère le président français, qui « veut garder confiance dans la possibilité de retrouver le chemin de la paix » au Proche-Orient « par la négociation » et entend « travailler dans cette voie ».
Jacques Chirac estime cependant que le sort fait par les Israéliens à Yasser Arafat, bloqué depuis deux ans à Ramallah, « ne favorise pas la paix ». « Sa situation est ressentie par les Palestiniens, et les Arabes, même ceux qui ne le soutiennent pas, comme une humiliation », explique le président français.
Le chef de l’Autorité palestinienne « reste un élément fédérateur des Palestiniens, notamment face aux groupes radicaux », observe M. Chirac. « Il est aussi le seul à pouvoir faire accepter par son peuple les compromis qu’imposera la paix. Nous devons accepter cette réalité. Car on ne fait une véritable paix qu’avec ses adversaires », souligne le président français.
D’autrepart, Jacques Chirac « s’étonne » des critiques israéliennes sur la montée de l’antisémitisme en France.
 »On me dit que, dans les rues de Tel Aviv, chez les humoristes, dans les conversations, l’image d’une France antisémite se répand peu à peu. Ces caricatures blessent profondément tous les Français », déclare le président français. « Non, la France n’est pas un pays antisémite. »
Jacques Chirac rappelle cependant que les autorités françaises restent « d’une totale vigilance » et « lutte sans relâche contre les propos et les actes antisémites, contre toute banalisation ». « La tendance est la baisse grâce à la mobilisation de tous, en premier lieu des pouvoirs publics », souligne le chef de l’Etat, en assurant que les juifs de France sont « naturellement » en sécurité.
Le président français ajoute qu’il « n’accepte pas » les accusations qui l’ont visé personnellement. « Ceux qui m’entourent connaissent les relations d’affection profondes qui me lient à la communauté juive de France, la volonté qui aura été la mienne, dès le début de mon premier mandat, de reconnaître les fautes inexpiables du régime de Vichy et de promouvoir une réparation », rappelle-t-il.
Jacques Chirac fait allusion à la polémique qui avait éclaté en octobre dernier après un conseil européen à Bruxelles.