Par Michel DARMON * et Guy MILLIÈRE **
mercredi 2 juillet 2008
Le Président de la République a prononcé le 23 juin devant la Knesset des paroles d’amitié pour Israë l d’une chaleur, d’une noblesse et d’un courage qui font honneur à la France. Il a proclamé sa solidarité avec Israë l, même face à l’Iran, pays envers lequel il a appelé à « une extrême fermeté  ».
Il a affirmé que « la France ne transigera jamais avec la sécurité d’Israë l  ». Nul ne pourrait formuler de meilleures déclarations.
Mais, quand on connaît les capacités militaires de la France, on peut penser que sa solidarité ne pourra pas dépasser beaucoup le niveau verbal des déclarations d’amitié. Israë l sait bien qu’il est le seul véritable gardien de sa sécurité et nul ne l’ignore.
Il reste que l’affirmation de cette amitié et de cette solidarité rompt enfin avec un passé où la France donnait sur la scène occidentale le ton de l’offensive contre Israë l.
Mais elle ne rompt en rien, absolument en rien, avec la ligne diplomatique de cette offensive.
Que le gouvernement d’Israë l, de guerre lasse, déclare accepter un État palestinien ne signifie pas que la création de celui-ci apportera la stabilité et la paix au Proche-Orient. Israë l sait parfaitement que le risque est grand que le contraire soit vrai et agira en conséquence.
Mais, quand c’est le Président de la République française qui appelle à la création d’un État palestinien, il conforte puissamment les politiques arabes qui, avec la longue complicité de notre diplomatie, ont su fabriquer une mythologie palestinienne sans consistance historique, instrument cependant efficace de leur poussée antisioniste. Fà »t-ce au prix des souffrances de la population palestinienne.
Nul n’ignore que les conditions posées par M. Sarkozy « État indépendant, moderne, démocratique et viable  » sont, au vu de la situation présente, irréalisables avant longtemps. Au contraire, beaucoup de conditions sont aujourd’hui réunies pour que cet État palestinien, s’il devait voir le jour, soit géré comme Gaza, lance tôt ou tard des roquettes sur Jérusalem et sur l’aéroport international Ben Gourion et pour qu’il serve de base d’agression à des forces arabes, au nord de Tel Aviv, à moins de 15 km de la mer.
« Les enfants de la Méditerranée doivent cesser de se haïr .... On ne doit pas apprendre cela à ses enfants  », a dit notre Président, mettant ainsi sur le même plan Israë l, qui aspire sans cesse à la paix, et ceux qui crient tous les jours à sa destruction.
Dire à la face de ses représentants que le peuple juif doit partager Jérusalem, sa capitale, relève d’une forme de hardiesse difficilement conciliable avec l’amitié proclamée et constitue surtout, en fait, un geste envers les dirigeants du monde arabo-musulman. L’intérêt de la France ne justifiait pas qu’en plus, il soit décidé de faire fleurir par Madame le Ministre Alliot-Marie la tombe d’Arafat, l’un des plus sinistres personnages du Proche-Orient.
Les déclarations pro-palestiniennes, y compris à un degré moindre celle sur Jérusalem, ont recueilli des applaudissements, certes mitigés, de la Knesset. Ceux-ci montrent, avant tout, le désarroi et la confusion qui règnent dans une partie de la classe politique israélienne, de plus en plus déconnectée de la masse du peuple israélien. Admirablement, ce peuple résiste mieux que nombre de ses dirigeants à la contamination des esprits. Avec ses amis de France, il comprendra que, malgré le versant du discours dualiste de M. Sarkozy, incontestablement chargé d’amitié, de noblesse et de courage, l’autre versant, en opposition irréductible, ajoute aux dangers qui assaillent Israë l.
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* Ingénieur général du Génie maritime (cr)
Président d’honneur de
France-Israë l / Alliance Général Kœnig
** Professeur des Universités
Président de l’Institut Turgot