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Vivement que la Knesset aime plus fort Israël qu’elle ne hait Bibi
Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Article mis en ligne le 2 août 2021

Le 6 juillet 2021, la Knesset n’est pas parvenue à renouveler la Loi sur le regroupement familial. Il s’agissait, pourtant, d’un texte ayant pour finalité de préserver l’identité juive du pays, en privant les palestiniens de Cisjordanie d’obtenir (par le mariage avec une personne arabe israélienne) un statut de résident permanent en Israël ou une citoyenneté israélienne.
Incapable de trouver une majorité, le vote à la Knesset s’est soldé par 59 voix pour et 59 voix contre

. Le résultat obtenu illustre, tout d’abord, en quoi la fragile coalition que Naftali Bennett est parvenue à former (non dans l’intérêt d’Israël mais juste pour évincer l’ancien Premier Ministre, Benjamin Netanyahou) a peu de chance de durer. Par ailleurs, elle révèle une haine de Bibi, plus forte que l’amour de l’Etat Nation du peuple juif.

Pour évincer Benjamin Netanyahou de son poste de Premier Ministre, Naftali Bennett (ancien protégé de Bibi devenu Premier Ministre), a regroupé, au sein du gouvernement, des partis dont les convictions politiques sont radicalement antinomiques : Yamina (à droite), d’anciens membres du likoud, le centre, le Meretz (à gauche) et même le parti islamiste Ra’am, de Mansour Abbas. Ce faisant, Bennet a dévoyé les institutions du pays dans le seul but d’écarter Bibi du poste de Premier Ministre pour former un gouvernement qui ne reflète, en rien, la sensibilité israélienne, focalisée sur le renforcement de l’identité juive du pays et sa pérennité.

En 2003, les motivations de la Loi sur « la citoyenneté et l’entrée en Israël » reposaient sur des considérations exclusivement sécuritaires : le texte visait à empêcher l’immigration, en Israël, des palestiniens de Cisjordanie qui venait s’y établir en se mariant avec une personne arabe israélienne. Il a, ainsi, été suggéré (à compter de cette date) que le regroupement des familles israélo-palestiniennes ne pourrait se faire que dans les territoires sous contrôle palestinien (zone A et B de Cisjordanie), et non en Israël. Naturellement, cette loi a été largement décriée par les palestiniens de Cisjordanie, qui (en dépit de leur haine des juifs) n’aspirent qu’à une chose : s’installer en Israël, y obtenir un travail, un statut de résident israélien et à terme, la citoyenneté israélienne.

L’inconvénient de la Loi sur la Citoyenneté de 2003 tient à son absence de permanence : elle doit faire l’objet d’un vote, chaque année, pour continuer à s’appliquer. Ainsi, a-t-elle été renouvelée à 17 reprises, avant d’être retoquée le 6 juillet 2021. En fait, le Likoud (de Netanyahou) et ses alliés de l’opposition ont voté contre le renouvellement pour une raison très simple : la Knesset refusait de faire de cette Loi temporaire une Loi fondamentale, lui conférant un caractère définitif.

Les débats sur le renouvellement de la Loi de 2003 sur le regroupement familial ont révélé la fragilité de la coalition et son absence de cohésion et de cohérence. Selon toute vraisemblance, Benjamin Netanyahou devrait exploiter la paralysie (à venir) des institutions et suggérer des élections anticipées.

En somme, le Likoud a réalisé un double coup politique : tout d’abord, il a démontré la dimension ingérable de la coalition et, par ailleurs, placé la Knesset devant ses contradictions.

Sur ce deuxième point, lorsque la Knesset a voté la Loi fondamentale sur l’Etat Nation du peuple juif (en juillet 2018), elle s’est fixée, notamment, de préserver la prééminence de la Nation juive en Israël (ce qui est d’ailleurs sa vocation d’origine), en limitant l’immigration de personnes non juives sur le territoire et, ainsi, éviter l’apparition d’un déséquilibre démographique. Or, tant qu’Israël ne se sera pas doté de l’outil juridique indispensable qu’est « la nationalité », (en l’occurrence « la nationalité juive » aux côtés de la citoyenneté israélienne), il restera soumis à la pression démographique.

Pour mémoire, rappelons qu’au sein des grandes nations démocratiques, il existe trois catégories de personnes, dans leur relation avec l’Etat : les nationaux, les non nationaux en situation régulière, et les non nationaux en situation irrégulière. La « Loi sur la Citoyenneté en Israël » de 2003 devait, entre autre, permettre de palier l’incohérence du concept « d’Etat juif et démocratique » résultant d’une absence d’institution de la « nationalité » aux côtés de la « citoyenneté ». Lorsqu’Israël instituera « la nationalité juive » (léom hayéoudit), il pourra, comme dans toutes les démocraties, en tirer les conséquences sur les prérogatives des ressortissants.

Pour mémoire, rappelons qu’en France, les non nationaux, bien qu’en situation régulière sur le territoire français, ne peuvent devenir fonctionnaires, députés, membres du gouvernement ou être titulaires d’un mandat électif…

L’institution de cette « nationalité juive » est d’ailleurs d’autant plus urgente que les personnes qu’Israël appelle « arabes israéliens » se considèrent, de plus en plus systématiquement comme étant des « palestiniens d’Israël ». Autrement dit, elles revendiquent une identité palestinienne en Israël, en attendant que leur nombre devienne suffisant pour transformer l’Etat juif en un Etat palestinien.

Les députés arabes de la Knesset, eux-mêmes, se présentent comme « députés palestiniens » (ce qui est, en soi, une aberration) en suggérant aux arabes israéliens que la destruction d’Israël devait, également, se faire de l’intérieur. En mars 2020, les partis arabes (palestiniens) de la Knesset se sont ainsi réunis sous un parti unique « la Liste unifiée », leur permettant d’obtenir 15 sièges à la Knesset et devenir le troisième parti politique de l’Assemblée (après le Likoud et Blanc Bleu), bien que les personnes arabes représentent 20% de la population israélienne.

Or, comme Israël rechigne à appliquer la Loi fondamentale sur la Knesset (1958) qui oblige les députés à déclarer allégeance à l’Etat d’Israël et à renoncer à toute nationalité avant la prestation de serment, les députés arabes ne se privent pas de rappeler leur « nationalité palestinienne », ce qui est pourtant incompatible avec leur qualité de membre de la Knesset.

Si Benjamin Netanyahou a commis des actes répréhensibles, il sera tenu d’en répondre, lorsque sa culpabilité sera démontrée. Pour l’heure, il s’est avéré être un excellent Premier Ministre, à même de préserver l’identité juive de l’Etat d’Isrël.

Golda Meir considérait que « La Paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu’ils ne nous haïssent ». L’adaptation contemporaine de la formule pourrait bien être : « vivement que la Knesset aime plus fort Israël qu’elle ne hait Bibi ».



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