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La portée d’une victoire
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 15 avril 2019
dernière modification le 19 avril 2019

La macronisation d’Israël n’aura pas lieu, car c’était cela qui se tramait avec le parti Bleu blanc, réputé « ni droite ni gauche », sans aucun programme clair, sous la houlette d’un candidat, Benny Gantz, fabriqué par les conseillers en communication et auquel il était conseillé de parler le moins possible pour ne pas écarter d’éventuels électeurs, ne leur laissant pour tout message que son regard bleu acier comme hier la jeunesse du candidat Macron était le seul message du « nouveau monde ». La candidature Bleu blanc était un conglomérat d’un parti Yesh Atid et de trois chefs d’état major à la retraite qui s’adjoignaient à Yair Lapid, tout en l’obligeant à s’effacer devant Gantz pour ne pas aliéner au parti le secteur religieux de l’électorat.

L’écho qui parvenait de cet assemblage de bric et de broc, sans aucun avenir électoral, faisait néanmoins entendre la petite musique bien connue de la « gauche » (« séparation » d’avec les Palestiniens, retrait des implantations sans paix ferme : tout ce que les Israéliens ont en majorité rejeté depuis l’échec d’Oslo et le retrait de Gaza.

Le phénomène Bleu blanc est, néanmoins, la dernière version d’une donnée permanente de la vie politique israélienne qui se gouverne entre centre-droit et centre-gauche et qui, depuis 50 ans se réactualise cycliquement : la précédente occurence fut le parti Kadima, celle d’il y a 50 ans, fut le Dash sous la houlette de Ygal Yadin... C’est le ventre mou du système.

A la différence du macronisme, cependant, en Israël le candidat de droite, le favori, n’a pas été détruit en plein vol comme le fut Fillon. L’arc de pouvoir des médias, de la gauche et de la justice a pourtant joué à fond. La traque de Natanyahou a duré des mois et n’est sans doute pas finie. Il faut souligner à ce propos son extraordinaire résilience. Sa victoire, tout d’abord, fut gagnée contre cet arc de pouvoir, qui chante de toutes parts la démocratie mais qui n’est pas démocrate, et qui s’est dressé contre lui de façon systématique. Elle lui inflige objectivement une terrible défaite car une majorité d’électeurs ne se sont pas laissés prendre à la stratégie d’intimidation et d’instrumentalisation de la morale. Les media ont beau labelliser cette victoire sous les signe du « tribalisme » et du « populisme », pour l’abaisser moralement, cela n’a aucun efffet sur une majorité d’Israéliens. De ce point de vue là, la démocratie israélienne résiste mieux que la démocratie française sauf qu’elle subit un « coup d’Etat permanent » avec l’excès de pouvoir de la Cour suprême et donc l’absence d’un équilibre des pouvoirs et l’affaiblissement gravissime du pouvoir exécutif dans un pays menacé.

Le pourquoi du vote pro-Natanyahou n’est pas un mystère insondable, ni elle n’annonce le début du fascisme. Les électeurs se sont demandé « pourquoi changer une équipe qui gagne ? ». Natanyahou aura été un des plus grands premiers ministres d’Israël. Sa longévité au pouvoir a tout d’abord assuré une stabilité politique exceptionnelle dans un régime politique qui s’apparente à la IV eme République, régime des partis qui ruine les majorités stables, et où les plus petits partis se livrent au chantage de leur adhésion à des coalitions de gouvernement dont la vie a toujours été très limitée. Mais surtout il a assuré à Israël une économie puissante qui ne connait pas le chomage et, malgré le terrorisme, une sécurité générale impressionnante dans une région violentée par la guerre. Ami de Trump comme de Poutine, recherché par les Etats arabes sunnites ennemis de l’Iran, ses succès diplomatiques ne se comptent plus. Il a contourné l’hostilité de l’UE en nouant l’alliance de Visegrad, de nombreux pays renouent des relations avec Israël. Israël est la 8ème puissance du monde, juste après le Japon. C’est la 16 eme armée du monde, le 9eme pays pour la qualité de la santé, le 11eme pays le plus heureux du monde, champion des start-up, gratifié de 12 prix Nobel, 71% des Israéliens sont très ou plus optimistes pour l’avenir, 80 % assez ou très fiers d’être israéliens, un pays indépendant en matière d’eau potable, détenteur d’immenses réserves de gaz qui en fera un partenaire économique décisif de l’Europe et, malgré leur biais irrédentiste, tout de même, 57% des Arabes israéliens trouvent leur situation bonne ou excellente, 51% se disent plutôt fier ou très fiers d’être israéliens.

En un mot, il faut se débarasser des oripeaux dont les BDS et autres palestinistes veulent nous affubler.

Ce sera sans doute la dernière cadence de Natanyahaou, une période où il devra consolider de tels acquis.

  • A partir d’une chronique sur Radio J le vendredi 12 avril


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