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Le Discours historique du Premier Ministre Ariel Sharon à propos du Plan de désengagement prononcé à la Knesset le 25 octobre 2004
Traduit par Rachel Samoul - Service d’Information de l’Ambassade d’Israël en Belgique et au Luxembourg
Article mis en ligne le 26 octobre 2004

Monsieur le Président, Messieurs les Membres de la Knesset,

C’est une heure fatidique pour Israël. Nous devons prendre une décision difficile, une décision dont l’importance pour le futur de notre pays dans cette région est égale à la difficulté, à la douleur et au débat qu’elle suscite. Vous savez que je ne prononce pas ces paroles le cœur léger devant les représentants de la nation et la nation toute entière qui nous regarde et écoute chaque mot prononcé ici à la Knesset aujourd’hui. Il s’agit d’un peuple qui a courageusement fait face et continue à faire face au terrible fardeau de la terreur, à cette guerre qui se poursuit depuis des générations, dans laquelle, comme dans une course de relais, les pères passent les fusils aux fils, dans laquelle la limite entre le front et l’arrière s’est depuis longtemps estompée, dans laquelle les écoles et les hôtels, les restaurants et les marchés, les cafés et les autobus sont devenus les cibles d’une terreur cruelle et de meurtres prémédités.

Aujourd’hui, les membres de cette nation veulent savoir quelle décision va prendre la Knesset à l’issue de ces discussions houleuses. Qu’allons-nous leur dire, quel message allons-nous leur donner ? Pour moi, la décision est difficile, presque insupportable. Comme combattant, politicien, député et ministre, je n’ai jamais été confronté à une décision aussi difficile de toute ma vie.

Je suis conscient des effets de cette décision sur la vie de milliers d’Israéliens qui ont vécu dans la Bande de Gaza pendant plusieurs années, qui ont été envoyés dans cette région par le Gouvernement d’Israël, qui y ont construit leurs maisons, ont planté des arbres et fait pousser des fleurs, y ont donné naissance à des filles et des fils qui n’ont pas connu d’autres foyers. Je sais que je les ai envoyés là-bas, que j’étais associé à cette action ; et beaucoup de ces personnes sont des amis proches. Je comprends leur douleur, leur colère, et leur désespoir.

Bien que je comprenne ce qu’ils endurent ces derniers jours et ce qu’ils vont devoir endurer comme résultat de la décision qui va être prise par la Knesset aujourd’hui, je crois aussi qu’il est nécessaire d’appliquer le plan de désengagement et je suis déterminé à mener cette mission à bien. Je suis fermement convaincu et je crois sincèrement que ce désengagement renforcera Israël sur des territoires qui sont essentiels à son existence et que son acceptation réduira l’animosité, creusera une brèche dans les boycotts et les sièges et nous fera avancer sur le chemin de la paix avec les Palestiniens et nos autres voisins.

On m’a accusé d’avoir trompé le peuple et d’avoir agi à l’encontre des principes que j’ai toujours prônés. Mais ces allégations sont fausses, j’ai toujours affirmé que j’étais favorable à la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. J’ai ouvertement et à maintes reprises affirmé que je désirais faire des compromis douloureux pour mettre fin au conflit malfaisant qui oppose ceux qui se disputent cette terre, et que je ferais tout mon possible pour amener la paix.

Et je souhaite Monsieur le Président, rappeller que voilà bien des années en 1988 lors d’une réunion avec le Premier Ministre Yitshak Shamir et avec les Ministres du Likoud, j’ai déjà dit que si nous ne voulions pas être renvoyés aux frontières d’avant 1967, le territoire devait être divisé.

J’ai combattu dans toutes les guerres d’Israël et j’ai appris de mon expérience que sans une force appropriée nous n’avons aucune chance de survivre dans cette région qui ne montre aucune pitié pour les faibles mais j’ai aussi appris que ce n’est pas uniquement par le glaive que nous réussirons dans notre entreprise.

On me dit que le désengagement sera considéré comme un retrait honteux sous la pression et augmentera la campagne de terreur, présentera Israël comme faible et donnera une image d’un peuple ne voulant pas défendre ses droits. Je rejette résolument ces arguments. Nous avons la force de défendre notre pays et de faire face aux ennemis qui veulent nous détruire.

D’autres me disent qu’en échange d’un accord de paix signé, ils seraient eux-aussi prêts à faire ces compromis douloureux. Malheureusement et c’est regrettable, nous n’avons pas de partenaire avec qui engager un dialogue authentique, prêt à conclure un traité de paix avec Israël. Même les premiers ministres d’Israël qui ont déclaré leur intention de rendre le maximum de territoires de notre patrie ont été accueillis par le feu et l’hostilité. Récemment le Président de l’Autorité palestinienne a déclaré « qu’un million de shaheeds vont se frayer un passage vers Jérusalem ». Entre une action intelligente et responsable qui aurait mené à un compromis douloureux mais historique et une « guerre sainte » destinée à détruire Israël, Yasser Arafat a choisi la voie du sang. Il a cherché à transformer un conflit national en guerre de religion entre l’Islam et le Judaïsme, et même à faire couler le sang de Juifs qui vivent loin d’Israël.

Israël garde l’espoir malgré les multiples dangers auxquels il doit faire face. L’Iran représente la plus grande menace et cherche à tout prix à se doter d’armes et de missiles nucléaires tout en édifiant aux côtés du Liban et de la Syrie un énorme réseau de terrorisme.

Et je vous le demande ; que faisons-nous pour combattre de tels dangers ? Sommes-nous unis pour affronter cette menace ? Telle est la vraie question.

Le plan de désengagement ne vient pas à la place de la négociation. Il ne s’agit pas de geler la situation indéfiniment. Il constitue une démarche indispensable, en raison de la situation actuelle où aucune négociation n’est envisageable. Toutefois, tout reste ouvert pour un accord futur, quand cette terreur meurtrière se terminera et que nos voisins réaliseront qu’ils ne peuvent triompher de cette façon.

Monsieur le Président, avec votre permission, je vais lire quelques lignes d’un essai célèbre publié alors que la Révolte Arabe de 1936 battait son plein, et nous ne devons pas oublier que lorsque ces lignes furent écrites, la communauté juive ne dépassait pas les 400 000 âmes. Cet essai de Moshe Belinson a paru dans « Davar », je cite : « Combien de temps encore ? demande-t-on. Combien de temps ? jusqu’à ce que la force d’Israël soit capable de résister à chaque attaque de l’ennemi ; jusqu’à ce que l’ennemi le plus enthousiaste et le plus intrépide sache qu’il n’existe aucun moyen de broyer la force d’Israël sur sa terre parce que la nécessité de la vie y demeure, la vérité de la vie est avec lui et il n’y a pas d’autres possibilités que de l’accepter. C’est l’essence même de cette campagne. »

Je suis convaincu que tout ce que nous avons fait depuis confirme ces paroles vigoureuses.

Nous ne pouvons régner éternellement sur des millions de Palestiniens qui, à chaque génération, doublent en nombre. Israël qui se veut un Etat démocratique par excellence ne pourra supporter une telle situation. Le plan de désengagement vient ouvrir la porte à une réalité différente.

Aujourd’hui, je veux aussi m’adresser à nos voisins arabes. Déjà dans notre Déclaration d’Indépendance, au plus fort d’une guerre cruelle, Israël, qui est né dans le sang, a tendu la main à ceux qui le combattaient et cherchaient à le détruire par le glaive et je cite « Nous appelons les habitants arabes de l’Etat d’Israël à sauvegarder la paix et à participer à la construction de l’Etat sur base d’une citoyenneté pleine et égale et sur la base d’une représentation adéquate dans toutes les institutions provisoires et permanentes »

Beaucoup de temps s’est écoulé depuis. Ce pays et cette région ont connu d’autres guerres et ont connu toutes les guerres entre les guerres, la terreur et les dures représailles d’un Israël qui se défend. Dans cette longue guerre, beaucoup de civils, d’innocents ont été touchés. Les pleurs ont amené d’autres pleurs.

Je veux vous dire que nous n’avons pas voulu construire notre vie dans cette patrie sur vos ruines. Zéev Jabotinsky a décrit dans l’un de ces poèmes sa vision d’un monde de coopération et de paix entre ses habitants et je cite : « Ici, il sera rassasié en abondance et, en joie, le fils de l’Arabe, le fils de Nazareth et mon fils »

Nous avons été attaqués et nous avons résisté, la mer dans notre dos. Beaucoup sont morts, d’autres ont perdu leurs maisons, leurs champs et leurs vergers et sont devenus des réfugiés. C’est la guerre. Mais la guerre n’est pas une malédiction divine. Aujourd’hui encore, nous regrettons la perte de victimes innocentes dans vos rangs. Notre façon d’agir n’est pas celle du meurtre intentionnel.

Voilà 48 ans, à la veille du jour de l’Indépendance de l’année 1956, nous restituions les corps de dix terroristes qui avaient commis des crimes en Israël, qui avaient commis des meurtres en Israël, nous avons remis des cercueils de bois aux mains des Egyptiens à un point de passage dans la Bande de Gaza. Le poète Nathan Alterman écrivait alors :

« Arabie, Ennemi inconnu, Tu t’éveilleras quand tu te lèveras devant moi, Ma vie sera témoin, dos au mur, de mon histoire et de mon Dieu

Ennemi, le pouvoir de ta rage face à ceux qui se sont levés pour te détruire deviendra

Pareille à la force de la fraternité d’une alliance de frères entre une nation et une nation. »

C’était à l’époque des tueries des terroristes et des raids et des représailles.

Membres de la Knesset,

Avec votre permission, je voudrais terminer par une citation du Premier Ministre Ménahem Begin qui à la fin du mois de décembre 1977 a prononcé ces paroles de cette tribune, je cite :

« D’où vient ce langage irresponsable ? J’ai une fois dit lors d’un débat avec les membres du Goush Emonim (ndt du Bloc de la Foi), que je les aime aujourd’hui et je continuerai à les aimer demain. Je leur ai dit : vous êtes des pionniers formidables, constructeurs du pays, colons d’une terre aride, sous la pluie et en hiver, à travers tous les obstacles. Mais vous avez une faiblesse, vous avez développé un complexe messianique. Et je vous engage aujourd’hui, mes bons amis du Goush Emonim à faire votre devoir, comme vos prédécesseurs en d’autres temps.

Nous n’avons besoin de personne pour recevoir des leçons sur notre engagement à la Terre d’Israël. Nous avons dédié nos vies à la Terre d’Israël et nous avons lutté pour elle, et nous continuerons à le faire"

En cette heure cruciale, j’appelle le peuple d’Israël à s’unir. Nous devons trouver un terrain d’entente pour une « union de raison » qui nous permettra d’affronter ces jours difficiles, de faire barrage à la haine fratricide. Nous avons déjà payé un prix trop élevé au fanatisme meurtrier. Nous devons trouver le lien qui va nous unir et nous devons adopter un comportement responsable pour mener nos vies dans ce pays comme un peuple adulte et expérimenté.

Je vous appelle à me soutenir en cette heure décisive.



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