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Les réactions des médias arabes à l’annonce du désarmement en ADM de la Libye
MEMRI
Article mis en ligne le 6 février 2004

Suite à l’annonce selon laquelle il était prêt à démanteler son programme ADM, le président libyen Col. Muammar Al-Kadhafi appelle la Syrie, l’Iran et la Corée du Nord à suivre son exemple et à « protéger leurs nations d’une catastrophe ». (1) Voici quelques extraits d’articles réagissant à la décision de Kadhafi, publiés dans les journaux libyens et arabes :

La presse libyenne : ’Le monde a besoin d’armes de construction massive’

Les opinions exprimées par les journaux libyens soutiennent l’annonce de Kadhafi avec enthousiasme. Un éditorial du quotidien gouvernemental libyen Al-Jamahiriya affirme que : « la Libye est en train d’inverser le sens de la course aux armes nucléaires, biologiques et chimiques, se hâtant de se débarrasser de cette arme horrifique devenue un poids pour le monde après avoir joué un rôle stabilisateur pendant la Guerre froide (...) La Libye a déclaré la guerre à la diplomatie de la mort (...) et placé la locomotive mondiale (...) sur les rails de la guerre contre la pauvreté, la maladie et l’illettrisme (...) Le monde qui dépense des milliards de dollars pour produire des instruments de mort n’a besoin que d’une infime fraction de cette somme pour produire la vie (...) ».(2)

Le quotidien libyen Al-Shams publie : « Les avocats de la paix et ceux qui désirent une planète plus verte, plus sûre et plus stable accueilleront avec joie cette initiative (...) Les victoires acquises par le sang, la destruction et les cendres n’amènent que tragédies au peuple (...) Le monde n’a que faire d’armes de destruction massive (...) [et] a plutôt besoin d’armes de construction massive (...) la Libye ne prend pas part à la course à l’armement - national ou international. Elle se préoccupe de l’individu et des droits de l’homme (…) » (4)

Dans Al-Zahf Al-Akhdhar , porte-parole du Mouvement du Comité révolutionnaire libyen, un éditorial intitulé « C’est la vérité : on dispose d’armes de destruction massive » déclare : « Les [vraies] ADM sont les idées et les stratagèmes de l’esprit humain (...) Mais il existe [une autre] arme de destruction qu’aucun effort n’a pu encore éradiquer et à laquelle nous allons nous attaquer : c’est l’arme qui découle de la pauvreté, du sous-développement et de l’héritage du passé : l’attitude réactionnaire (...) le népotisme, la corruption (...) » (4)

Presse du Golfe : « Nous tirons nos keffiehs à la perestroïka libyenne »

En dehors de la Libye, seule la presse des pays du Golfe persique a réagi avec enthousiasme au volte-face de la Libye. Ahmad Al-Jarallah, rédacteur en chef du quotidien koweïtien Al-Siyassa , écrit : « L’historique du processus décisionnaire libyen contient de nombreuses vicissitudes (...) : il a d’abord imité l’Egypte de Nasser (...) ce qui s’est soldé par un échec complet ; de la construction d’une économie forte aux guerres menées contre Israël, jusqu’à l’exportation d’une révolution qui, en fin de compte, ne fut qu’anarchie (...) Plus tard, le mot d’ordre politique est devenu l’improvisation (...) [avec] ses tentatives d’unification avortées et un façonnement de la société libyenne conforme au Livre Vert [de Kadhafi] (...), ce qui l’a conduit à percuter un banc de sable (...) et à frôler la folie (...) En somme, il s’est agi d’une série d’expérimentations qui ont transformé le peuple libyen en rat de laboratoire (…) »

« Si, suite à l’improvisation et à la frénésie typique de la politique libyenne, nous nous trouvons aujourd’hui face à une perestroïka annonçant la naissance du rationalisme libyen, (...) [alors] la décision de Kadhafi est énorme et mature (...) Elle se situe dans la continuité de la politique d’ouverture et de réforme économique qui caractérisait la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, faisant de la Russie une super puissance dominant les marchés du pétrole, du fer, et de l’acier (…) »

« La Libye, dont les revenus annuels peuvent atteindre $20 milliards pour une petite population et un vaste territoire, (...) a besoin de quelques programmes judicieux et de décisions justes plutôt qu’impulsives (...) Elle n’a que faire des idéologies (...) et du Livre Vert qui ne font que semer la confusion conceptuelle et spirituelle au sein de la société. La Libye a besoin de force intérieure pour obtenir un statut mondial important. Cette dernière décision de Kadhafi, (...) a été prise depuis longtemps par la communauté internationale (...) L’ouverture, la croissance économique, des efforts pour améliorer la vie de ses citoyens : telles sont les décisions que doit prendre la Libye au lieu de former des théories utopistes liées au passé et à une gloire imaginaire (...) Nous tirons nos keffiehs à la décision de Kadhafi (…) » (5)

Un éditorial paru dans Al-Raya , quotidien du Katar, déclare : « La Libye a pris une décision courageuse qui exercera une véritable pression pour qu’Israël démantèle les armes interdites qui se trouvent en sa possession (...) Cette décision libyenne surprenante (...) a été prise volontairement, grâce à une réelle compréhension des changements politiques internationaux, après que la Libye eut reconnu la futilité des dépenses financières consacrées à la production d’ADM. Le cas de l’Irak prouve bien que le chemin de la production d’ADM mène à un labyrinthe de catastrophes honteuses pour la cause arabe. Le Moyen-Orient a absolument besoin de paix et de stabilité, non de dépenses astronomiques pour une course à l’armement, aux dépens de la croissance et des besoins fondamentaux de la population régionale (...) Le dialogue et la négociation sont les voies royales pour y parvenir. Dans un monde régi par une seule super-puissance, la lutte militaire pour atteindre un but politique n’a plus sa place. Les Arabes ont dépensé des sommes phénoménales pour acquérir et produire des ADM, mais [cette politique] n’a produit que des catastrophes (…) » (6)

La décision libyenne annonce peut-être la naissance d’une société civile dans le monde arabe

Dans un éditorial dit d’opinion personnelle, le représentant londonien de la Ligue arabe, Ali Muhsin Hamid, estime que la décision libyenne pourrait anticiper un changement fondamental au sein du monde arabe : « Bien que cette décision ne soit pas bien accueillie par la rue arabe, à l’exception de quelques félicitations officielles réservées, (...) la démarche libyenne (...) aidera à concrétiser plusieurs aspirations qui n’étaient que rêves pour le citoyen arabe. Par exemple, le militarisme [évident] de la société du pays ces cinquante dernières années ira diminuant ; les dépenses sécuritaires seront réduites ; une grande partie des fonds sera redistribuée aux secteurs civils négligés jusqu’ici, dont le développement insuffisant est attribué à la priorité accordée aux questions sécuritaires et militaires. L’influence des services secrets sera contenue (...) [ainsi que] la capacité de leurs membres à s’emparer du pouvoir (...) au moyen de coups d’états (...) Le relâchement de la pression sur les ressources civiles favorisera la construction d’un régime politique ayant pour base le pluralisme, l’ouverture et la tolérance, qui ne craint ne d’être placé sous surveillance, ni l’éventualité d’un coup d’Etat (…) »

« [Cela aidera aussi] la population civile à se diriger vers des occupations productives, non-militaires, vu que l’engouement des lycéens pour les académies militaires est directement lié au statut social des militaires, lesquels bénéficient de privilèges financiers et d’une plus grande aisance matérielle (...) La réduction du budget militaire [des pays arabes] permettra de réduire l’écart qui existe dans l’éducation civile, tel qu’il a été recensé dans le rapport du Programme de développement des Nations Unies (7) (...) Cela transformera progressivement l’élite militaire arabe en une élite civile représentative sur la base de la participation politique, l’égalité, et la responsabilité de chacun face à la loi (...) Ainsi, l’Etat [arabe] aura de nouvelles bases appuyées par des institutions civiles (...) et dissipera les appréhensions des pays voisins, arabes et autres, face à une puissance militaire susceptible de menacer leur sécurité (...) » (8)

La presse égyptienne et syrienne : un accueil réservé

Le sommet de Charm El-Cheikh du 24 décembre 2003, entre le président syrien Bashar Al-Assad et le président égyptien Hosni Moubarak, s’est conclu par une déclaration favorable à la décision libyenne. Pourtant, la presse syrienne reste muette sur le sujet.

Lors d’une rencontre intervenue le 3 janvier 2004 entre les ministres des Affaires étrangères syrien, Farouq Al-Shar’, et iranien, Kamal Kharrazi, Kharrazi a affirmé que ni l’Iran, ni la Syrie ne suivraient l’initiative libyenne puisqu’elles ne possédaient pas d’ADM.(9) Mais Al-Assad a précisé que la Syrie avait le droit de se défendre en obtenant des armes chimiques et biologiques dissuasives, et que tout accord pour détruire la capacité chimique et biologique de la Syrie devrait être consécutif à un engagement israélien d’abandonner son arsenal nucléaire non-déclaré. (10)

La presse égyptienne reflète la position officielle du régime, et jette en outre un œil accusateur vers Israël. Le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram publie : « L’action libyenne reflète le désir arabe de se débarrasser des ADM dangereuses pour les peuples de la région (...) et de modifier l’image stéréotypée - infondée, propagée par des voies sionistes - qui fait du monde arabe la source des menaces contre la paix mondiale (...) Vu la position libyenne sur les ADM (...), vu la preuve qu’aucune arme de ce genre ne se trouve en Irak, et suite à l’annonce d’une coopération iranienne avec l’Agence internationale d’énergie atomique - l’Iran étant prêt à ouvrir ses installations aux inspecteurs internationaux -, il s’agit à présent de débarrasser la région entière des ADM (...), Israël inclus, [car Israël] possède (...) bien de telles armes (...) » (11)

Le directeur d’ Al-Ahram , Ibrahim Nafie, écrit : « La démarche libyenne est courageuse et représente une étape importante visant à débarrasser le Moyen-Orient d’ADM (...) Maintenant que l’Iran a signé et que la Libye a émis sa déclaration, il ne reste plus qu’Israël avec son énorme arsenal (...) Israël continue d’être la seule puissance nucléaire dans la région, et risque donc de mettre en péril le plan établi pour déclarer le Moyen-Orient zone libre d’ADM. La politique d’exemption pratiquée à l’égard l’Israël face à la loi internationale doit cesser. La majorité voit Israël comme au-dessus des lois internationales (...) et comme représentant un danger pour la sécurité au Moyen-Orient (...) Plusieurs enquêtes européennes désignent l’Israël comme première menace potentielle à la paix mondiale, et estiment que [cette conclusion] découle du danger lié à l’arsenal d’ADM et aux autres armes qui sont entre les mains d’Israël (...) » (12)

Autres réactions arabes : Kadhafi est-il pragmatique ou déloyal ?

Les chroniqueurs du monde arabe - dont un nombre important de nationalistes panarabes jordaniens - ont eu des réactions très diverses, se montrant favorables au pragmatisme de Kadhafi, ou l’accusant de trahir la cause panarabe.

L’ancien ministre jordanien de l’Information et chroniqueur pour le quotidien londonien en langue arabe, Al-Sharq Al-Awsat , écrit : « Kadhafi a fait preuve d’un talent [politique] hors du commun (...) en perfectionnant l’art de la manœuvre et suivant la tendance actuelle, (...) alors qu’il avait jusqu’alors l’habitude de se placer à contre courant (...) Des organisations dites terroristes en Occident ont trouvé assistance et refuge dans la Libye de Kadhafi : Baader-Meinhof, la Brigade Rouge, le Sentier Lumineux, les Tupa Maros, l’Organisation Abu Sayyaf, l’Armée rouge japonaise, l’IRA, et tous les mouvements de libération d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie...Tripoli a accueilli des centaines de conférences opposant l’Occident aux Etats-Unis (...) ; la voix du chef libyen retentissait pendant son appel à la révolution et à l’unité arabe (...) : lorsqu’il employait des slogans tels qu’ ’aucune voix n’est plus noble que la voix de la bataille’ ou ’la voix des armes ne doit pas être tue’, et ’ce qui a été enlevé par la force doit être restitué par la force’ (...), Kadhafi ne cessait d’accuser les dirigeants arabes de trahison, de conspiration et de collaboration avec les Etats-Unis (…) »

« N’est-il donc pas juste de dire que Kadhafi a trahi les idéaux révolutionnaires et l’unité arabe (...) ? Absolument pas. George Bernard Shaw disait : ’Tous ceux qui ne sont pas révolutionnaires avant l’âge de 40 ans sont sans cœur, et tous ceux qui le restent après cet âge sont des idiots.’ Kadhafi a déjà 60 ans (...) ; il a le droit de revenir sur ses actions passées et de reprendre ses esprits (...) avant qu’il ne soit trop tard. Après la chute de l’Union Soviétique, la Chine a abandonné la doctrine de Mao Tsé Toung pour préserver ses intérêts [nationaux], le Vietnam a caché ses armes (...) et offert des fleurs aux Etats-Unis ; Fidel Castro a troqué son uniforme militaire contre une cravate Pierre Cardin et s’est efforcé d’attirer les investissements américains dans son pays. Kadhafi a bien le droit aussi à l’introspection et à l’abandon de ses aspirations révolutionnaires (…) » (13)

’Kadhafi s’est rendu compte que l’Amérique brandissait son épée contre les dictateurs arabes’. Le Dr Shakir Al-Nabulsi, intellectuel jordanien et président de l’Association universitaire américaine en Jordanie, écrit : « En l’espace de huit mois, le ’chef’ américain a réussi à servir au monde arabe deux plats de sa propre cuisine (...) Le premier est le ’plat Saddam’, ’gardien à l’Est des portes du nationalisme panarabe’, avec [pour ingrédients] la dictature, le despotisme, l’envahissement de pays voisin, la présence d’ADM, la persécution de l’opposition, (...) les assassinats et les charniers (...), et l’opposition de Saddam à la volonté de la communauté internationale. La fin de ce plat consiste en la capture du dictateur dans un trou à rats (...), un exemple pour tout dictateur arabe souhaitant jouer au même petit jeu (…) »

« Le deuxième plat est ’le plat Kadhafi’, ’loyal au nationalisme panarabe’, le détestable terroriste qui a assassiné des centaines d’innocents dans des avions et des discothèques, et qui en a payé les frais. Kadhafi a payé le prix fort pour ces aventures - des milliards de dollars, sortis non de la poche de son père, mais de celle du peuple libyen, en expropriant les comptes en banques libyens au nom de l’amour de la patrie et de son dirigeant (...)’ Ainsi, la volonté de l’Oncle Sam fut faite (…) et le régime pourra passer aux mains du fils [Kadhafi], Seif Al-Islam (…) »

« Le président Bush est sans doute content de l’absolution libyenne (…) par laquelle il prouvera à l’opinion publique américaine que la guerre en Irak (…) a pour but de découvrir des ADM chez tous les dictateurs arabes (…) Voyez ! [Telle est] l’absolution libyenne offerte par le dictateur de Tripoli, humilié et tremblant de peur face à l’éventualité d’un destin identique à celui de l’habitant du trou à rats [Saddam] (…) Il est certain que le dictateur de Tripoli est aujourd’hui le plus habile de tous les dictateurs arabes (…) Avec son sens de l’odorat extrêmement développé, Kadhafi a flairé (…) le sérieux des événements intervenus dans le monde arabe bien avant l’invasion américaine de l’Irak ; il ne s’agissait plus de blague ni de manœuvre politique (…) Kadhafi a compris qu’avec ’Le Printemps 2003 de Bagdad’, l’Amérique dégainait son épée face aux dictateurs arabes (…) et que la saison de la cueillette de têtes était arrivée (…) » (14)

Les pro-Saddam : Kadhafi a sauvé Bush et Blair

Abd El-Bari Atwan, directeur du quotidien pro-Saddam Al-Quds Al-Arabi , édité à Londres, critique la démarche libyenne en raison de ses répercussions sur l’ensemble du monde arabe : « Une par une, les défaites s’accumulent (…) On avale les mauvaises surprises, devenues routine, comme un poison fatal et on les répète de façon terrifiante. (…). »

« Après la chute de Bagdad, l’arrestation humiliante de Saddam Hussein et celle encore plus humiliante (…) de Yasser Arafat (…) vient le tour de la Libye, qui suit la démarche iranienne en ouvrant ses installations nucléaires et son arsenal de secrets concernant certaines organisations terroristes aux experts des services secrets américains, pour effacer son soutien passé aux mouvements de résistance (…) et plaire à la Maison Blanche. Kadhafi, (…) qui critiquait sans cesse les Arabes et leurs concessions honteuses, prétend que la Libye était seule dans le combat contre le blocus américain. [Il prétend que la Libye] a été punie pour sa position nationaliste [panarabe] et son soutien ardent aux causes justes de ce monde, et n’a d’autre choix que d’agir conformément à ses intérêts et ceux de son peuple (…) »

« On désapprouve cette logique et ces justifications (…) parce qu’elles contredisent les principes de la révolution libyenne et les valeurs arabes et islamiques. Les dirigeants libyens ont fait des concessions humiliantes dans l’affaire Lockerbie. L’Administration libyenne a admis que les sommes compensatoires étaient énormes (…) et qu’elle essayait de racheter sa liberté et celle du pays en faisant lever les sanctions. Si c’est le cas, pourquoi cette suite de concessions (…) ? Quel est le but de cet empressement pour améliorer ses relations avec les Etats-Unis et payer ainsi le prix lourd avec sa dignité et son héritage arabe et islamique ? »

« Nous redoutons surtout que le chantage américain contre la Libye se poursuive comme en Irak. Hier, les dédommagements de Lockerbie ; aujourd’hui, la révélation de programmes chimiques et biologiques de destruction massive, et demain le chantage ira peut-être jusqu’à exiger des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. La direction libyenne veut (…) éviter de connaître du destin du président Saddam Hussein, mais la comparaison ne tient pas. La Libye peut adhérer à ses propres principes (…) sans concessions (…) car elle n’est pas un membre de l’axe du mal. Ses armes chimiques et biologiques ne représentent pas des menaces suffisantes pour susciter une attaque, surtout que les Américains sont convaincus du profond changement de politique libyenne (…), la Libye ayant commencé par renier la Ligue Arabe avant de coopérer pleinement avec Washington contre la prétendue terreur islamique. »

« La présidence libyenne a rendu un grand service à Bush et Tony Blair en venant à la rescousse alors qu’ils ne trouvaient pas d’ADM en Irak. Voilà la Libye, qui a toujours nié [avoir] un programme d’ADM chimique et nucléaire, annonçant au monde que nous, les Arabes, obtenons le premier prix du mensonge et de la tromperie, et que seule une politique du châtiment est efficace avec nous (…) » (15)

Chroniqueurs dans la presse jordanienne

Les chroniqueurs jordaniens ont sévèrement critiqué la démarche de Kadhafi. Chroniqueur pour le quotidien jordanien Al-Dustour , Dr Kamal Rashid qualifie la décision de Kadhafi de déplacée, car la Libye ne subit aucune menace imminente. Il déplore en outre les milliards de dollars dépensés par la Libye en ADM ces 30 dernières années. (16)

’Où est la démocratie et la liberté des libyens ?’

Le chroniqueur Ureib Al-Rintawi écrit dans le quotidien jordanien Al-Dustour : « Les Américains et les Anglais ont tracé un portrait exemplaire de Kadhafi bien qu’il n’ait pris aucune mesure pour assurer la liberté et la démocratie à son peuple (…) Blair et Bush savent parfaitement que la Libye surpasse même l’Irak en nombre de réfugiés et exilés politiques (…) Les prisons libyennes sont bondées d’adversaires du régime (…) [et beaucoup d’autres encore] ont étés exécutés sous prétexte d’avoir tenté des attentats contre-révolutionnaires prenant pour cible la glorieuse révolution libyenne. »

« Mais les Américains et les Britanniques qui ont négocié avec leurs collègues libyens n’ont pas rouvert le dossier [du passé libyen] car ce sont les intérêts pétroliers et commerciaux qui déterminent leur programme (…) Où est donc la démocratie et la liberté des Libyens ? » (17)

Chroniqueurs de la presse palestinienne


Les chroniqueurs palestiniens étaient encore plus virulents dans leurs propos. Hassan Khadhr écrit dans le quotidien de l’Autorité palestinienne Al-Ayyam  : « Kadhafi était auparavant le chevalier du nationalisme panarabe, et aujourd’hui, il veut quitter la Ligue arabe. C’était un défenseur inébranlable de la libération palestinienne de la rivière (du Jourdain) à la mer (Méditerranée), et voilà qu’il lance un appel pour un Etat binational appelé ’Isratine’. Kadhafi était hostile à l’Occident, et voilà qu’il exprime son amour pour le monde occidental par tous les moyens. Le dernier exemple est sa volonté de démanteler ses ADM, volonté qui dépasse toutes les normes et exigences internationales (…) »

« Kadhafi n’est pas le seul (…) à abandonner la révolution au nom de valeurs qu’il fut le premier à violer. Kadhafi n’est pas le premier à avoir tout raté, tout en restant un génie aux yeux de son peuple. C’est pourquoi le peuple libyen n’est pas descendu dans la rue contre lui comme les Géorgiens l’ont fait contre Chevardnadze.. Si les citoyens libyens sortent manifester dans la rue, ce sera une manifestation de masse typiquement arabe (…) Ils sortiront pour lui jurer fidélité et le remercier pour sa nouvelle politique de démantèlement d’ADM, tout comme ils l’ont fait dans le passé lors de leur construction (…) » (18)


Kadhafi a aussi nié toute relation entre sa décision et la chute du régime de Saddam Hussein. Al-Sharq Al-Awsat, Londres, le 24 décembre 2003
Al-Jamahiriya (Libye), 21 décembre 2003
Al-Shams (Libye), 21 décembre 2003
Al-Zahf Al-Akhdhar (Libye), 21 décembre 2003
Al-Siyassa (Koweït), 28 décembre 2003
Al-Raya (Qatar), 22 décembre 2003
(7) voir : http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA10402<br /
http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA15103
(8) Al-Hayat (Londres), 30 décembre 2003
(9) http://www.elaph.com/, 3 janvier 2004
(10)http://www.telegraph.co.uk/news/mai...
http://www.telegraph.co.uk/news/mai...
(11) Al-Ahram (Egypte), 21 décembre 2003
(12) Al-Ahram (Egypte), 26 décembre 2003
(13) Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 24 décembre 2003
(14) Al-Siyassa (Koweït), 28 décembre 2003
(15) Al-Quds Al-Arabi (Londres), 22 décembre 2003
(16) Al-Dustour (Jordanie), 24 décembre 2003
(17) Al-Dustour (Jordanie), 25 décembre 2003
(18) Al-Ayyam (Autorité Palestinienne), 23 décembre 2003



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