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« Quelqu’un allait tuer »
Propos recueillis par Dan Ephron - Newsweek. - (CID-DemocratieMoyenOrient)
Article mis en ligne le 3 juillet 2004

Entretien avec Mahmoud Abbas (Abou Mazen), un ancien Premier ministre palestinien parle de plans secrets et de complots

Lorsqu’il fut nommé Premier Ministre palestinien il y a plus d’un an, Mahmoud Abbas était présenté comme le non-Arafat. Il parlait calmement et était rasé de près, il était impatient de travailler avec le President George W. Bush,
le Premier ministre israélien Ariel Sharon et son propre patron, Yasser Arafat, instable de notoriété publique, afin de ressusciter les efforts de paix.

Mais après seulement 129 jours à ce poste, Abbas en eut assez des ces trois hommes. Il bout encore de colère et de frustration. Abbas, âgé de 69 ans, s’est récemment entretenu avec Dan Ephron de Newsweek à propos du plan de désengagement de Gaza de Sharon, les discussions secrètes qu’il voulait conduire avec Israel et la fin de sa relation avec Arafat. C’est sa première interview pour une publication américaine depuis sa démission en Septembre.

Ephron : Que pensez vous du plan de Sharon, du plan de désengagement unilatéral de Gaza ?

Abbas : Tout s’est passé entre Sharon et Bush. Nous n’étions pas au courant de cet accord. Nous en avons été heurté.

E. : Comment comprenez-vous la disposition de Bush à fournir à Sharon des garanties étendues concernant les implantations et les réfugiés ?

A. : Tout cela m’a l’air suspect. Cela préjuge du résultat final des négociations.

E. : Quelle est l’ampleur du changement, par rapport a la politique précédente des Etats Unis ?

A. : Le Président Bush m’avait dit, a la Maison Blanche [en juin dernier], que ce mur [israélien] qui serpente a travers la Cisjordanie doit être arrêté. Il était très en colère quand je lui ai montre la carte. Il a jeté la carte a Cheney, en disant qu’il n’y a plus [de possibilité] d’état indépendant.

E. : Que vous a encore dit Bush ?

A. : Il a dit que nous commencerions tout de suite les pourparlers sur le statut définitif par une voie discrète . Il a dit : « la prochaine fois que vous viendrez a Washington, nous allons instaurer ce canal ˆ constitué d’Israéliens, de Palestiniens et d’Américains ˆ pour discuter en secret des questions du statut définitif. »

E. : Ce canal a-t-il jamais été instauré ?

A. : Non, non. Puisque j’ai démissionné un mois plus tard.

E. : Vous dites que les Palestiniens doivent être préparés a prendre le contrôle de Gaza. Qu’est ce que cela implique ?

A. : Cela signifie que nous devons unifier les structures de sécurité. Nous devons, bien sûr, dialoguer avec le Hamas et le Djihad [Islamique]. Je crois que nous pouvons parvenir à une entente.

E. : Pourquoi est-ce si important d’unifier les agences de sécurité ?

A. : Nous avons au moins 12 appareils de sécurité, qui ne peuvent être contrôlés par personne.

E. : Que se serait-il passé si Sharon avait propose d’évacuer Gaza lorsque vous étiez Premier ministre ?

A. : Cela m’aurait beaucoup aidé. Ca m’aurait donné du pouvoir et du prestige auprès de mon peuple.

E. : Pourquoi avez-vous démissionné ?

A. : Pour trois raisons. Sharon ne m’avait rien donné. Deuxièmement, j’étais attaque par mes collègues, et troisièmement, Bush était réticent à m’aider

E. : Quel genre d’attaques par les collègues ?

A. : Il y avait de l’incitation.

E. : Quel genre d’incitation ?

A. : Des paroles, et plus que des paroles - cette manifestation contre moi devant le Conseil Législatif Palestinien. Ce fut le comble. J’ai démissionné deux jours plus tard. C’était le 4 septembre. Après cela, j’ai demandé une session a huis clos. J’ai révélé tous les secrets et j’ai envoyé ma démission au président Arafat.

E. : D’aucuns pourraient dire qu’un leader national devrait être capable de soutenir les critiques et l’incitation.

A. : C’est vrai. Mais quand on essaye de tuer ˆ je sentais que quelqu’un allait tuer.

E. : Vous tuer ?

A. : Oui. Ou de verser le sang au sein même du Fatah.

E. : Dans quelle mesure tout cela peut-il être attribué à Arafat ?

A. : Je ne voudrais nommer personne. Mais je vous donnerai quand même un élément pour comprendre : je n’ai eu aucune relation avec le Chairman depuis ma démission et jusqu’à ce jour.

E. : Lorsque vous êtes à Ramallah, vous ne le rencontrez pas ?

A. : J’habite Ramallah et il est à cent mètres de chez moi. Je ne vais pas chez lui, je n’ai pas de réunion avec lui, je n’ai aucune relation avec lui.

E. : Dans quelles circonstances seriez vous disposé a reprendre ce poste ?

A. : Dans aucune circonstance, quelle qu’elle soit. Je ne reviendrai pas.

© 2004 Newsweek, Inc

http://www.msnbc.msn.com/id/5197317...



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