Le Président Jacques Chirac s’est une nouvelle fois distingué par sa position sur le plan de désengagement de Gaza.
Il est à noter que pour une même action - l’évacuation de territoires par l’armée israélienne - les voix de certains de nos hommes - et femmes - politiques considèrent que c’est une bonne décision, ou une mauvaise, selon qu’elle provient de source palestinienne ou israélienne.
En ce qui concerne le Président Chirac, c’est une mauvaise décision et il fustigeait aujourd’hui sévèrement ce plan durant la conférence de presse qu’il tenait à l’Elysée, notamment au prétexte qu’il correspondrait « à un changement arbitraire des lois internationales ». Et d’ajouter : « Personne ne peut décider unilatéralement et arbitrairement de redéfinir les lois internationales, pas plus qu’on ne peut décider à l’avance du résultat de toute future négociation internationale  ».
Mais qu’est ce qu’est la Loi, sinon une évolution de la Jurisprudence ? Une adaptation de l’homme aux événements, l’outil permettant la survie de l’espèce face à la dégradation de l’Humanité ?
Qu’est-ce, sinon le façonnage d’un cadre, qui nous permette de vivre dans un environnement qui ne laisse pas libre cours à la sauvagerie ?
Si la loi n’avait pas évolué au cours des siècles, nous en serions encore à la barbarie la plus atroce, au droit de cuissage, à l’écartèlement en place publique, j’en passe et des meilleures.
Et si la Loi internationale doit évoluer pour permettre d’empêcher un retour vers ce que d’aucuns voudraient instaurer à nouveau et imposer au monde, telle que la Charia par la violence, telle que la barbarie par les attentats, telle que le meurtre de masse ou la prise d’otages par le mépris de la vie humaine, des droits de la femme, du respect de l’autre, alors : OUI M. le Président. Elle doit être redéfinie, même si cela doit se faire de manière unilatérale, au corps défendant des promoteurs de l’obscurantisme par la violence et de ceux qui refusent de voir la Loi évoluer.
Et notre Président d’enfoncer le clou, en déclarant que la France pourrait rendre la tâche difficile aux Etats-Unis dans le cadre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, laissant entendre qu’il « n’était pas convaincu que le Conseil de Sécurité [au sein duquel la France a un droit de veto] approuve les plans américains de transfert de souveraineté des forces d’occupation américaines vers le nouveau gouvernement irakien  ».
M. Chirac prend, une fois de plus, une posture anti-américaine contre-productive, plus par souci de ne pas rester à l’écart de décisions où il n’imprimerait pas sa marque - le label « France » - que par souci d’efficacité.
Les règles du jeu de « Jakadi » ont beau être fixées au Palais de l’Elysée, le nombre de partenaires qui souhaitent y participer sur l’échiquier international est de plus en plus réduit. Dans l’Europe à 25, les nouveaux membres sont plus sensibles aux positions américaines, qu’à celles de la France. On se rappelle le « coup de gueule » du Président français contre la Hongrie et la Pologne, qui avaient ouvertement pris parti pour les Etats-Unis dans le conflit irakien.
Notre système ne fonctionne pas en vase clos. Il serait vain de penser qu’un pays comme la France, même si elle reste encore influente sur certains plans, puisse imposer sa vision de la diplomatie internationale au reste du monde. Déchirée entre les directives chiraquiennes du palais de l’Elysée, grisé par les 82% de son champion aux présidentielles, et les errements d’une gauche artificiellement ressoudée pour remporter les régionales, la France est devenue un poids plume dans la cour des grands.
La loi, c’est la vie. Et quand elle cesse d’évoluer, elle marque le début du déclin.
En continuant de s’arc-bouter sur ses ergots, la France rejoindrait le camp de la régression, de ceux qui prônent l’obscurantisme que ce soit par opportunisme ou par adhésion à des thèses pseudo-progressistes. Le compte à rebours a commencé. Il est plus que temps de voir l’émergence d’une nouvelle génération de politiques, sans complexes vis à vis de nos alliés, sans compromissions vis à vis de nos ennemis, sans nationalisme exacerbé et sans adhésion béate aux sirènes d’une « alternative internationale » quelconque.
C’est une exigence ambitieuse, mais l’avenir de la démocratie française est à ce prix, pour s’inscrire dans la nouvelle donne mondiale du XXIè siècle