Le Président du Sénat italien, Marcello Pera, accuse :
Au lendemain des massacres de Taba, le Président du Sénat [italien] Marcello Pera a parlé d’un choc des civilisations et âprement critiqué l’attitude du Vieux continent : « Dix ans de guerre sainte, des attentats et des massacres sous les yeux du monde et nous, que disons-nous, que faisons-nous ?
L’Europe a mis sur le dos des Etats-Unis la responsabilité de répondre au terrorisme et même les 200 morts de Madrid n’ont pas réussi à modifier sa conviction de faire comme si de rien n’était  ».
Lors d’une convention organisée à Palerme par la Fondation libérale de Ferdinando Adornato, Pera conjure l’Europe d’agir, de reconnaître ses propres devoirs en matière de défense et de sécurité, car sinon « le traité constitutionnel qui sera signé à Rome s’avérera non seulement compliqué, mais encore inefficace  ».  Tout aussi sévère, le jugement porté par Adornato, qui définit le Vieux continent comme « un nain militaire, une puissance politique médiocre pourvu d’une éthique de bas niveau  ».
Pendant que la gauche radicale renouvelle sa demande de retirer les troupes d’Irak, le Président du Sénat conteste l’interprétation de l’article 11 de la Constitution (« l’Italie répugne à la guerre  ») et s’insurge contre ceux qui professent le refus de la force tout court, « au prix de se rendre, d’invoquer la bienveillance de ceux qui vous tiennent en otage et vous égorgent, de vivre sous le chantage et la menace  ».
Des paroles qui font la paire avec celles publiées par le quotidien « Il Foglio  » :
« Quand nous déciderons-nous à utiliser de manière persuasive le langage de la force que nous nous limitons à bégayer ? - écrit-il dans l’article l’éléphanteau -.  Quand nous déciderons nous à pendre Saddam Hussein ?  ».  La réaction du centre gauche ne se fait pas attendre et une pluie de critiques s’abat sur le Président du Sénat : « Si le fondamentalisme d’Al-Qaïda et de Bin Laden cherchait un interlocuteur, il l’ont trouvé dans un homme camouflé en croisé  » (Gavino Angius).  « Des thèses de ce genre, soutenues par Oriana Fallaci sont une provocation intellectuelle, prononcées par la seconde charge de l’Etat et provoquent notre inquiétude et notre préoccupation » (Enrico Boselli). « L’évocation continuelle de la confrontation entre les civilisations finira par offrir au fondamentalisme la reconnaissance d’être l’unique véritable alternative à l’occident  » (Pierluigi Castagnetti). « Pera ignore tout sur ce sujet, le vrai problème étant de poursuivre les terreaux de la haine, en partant du Moyen-orient  » (Oliviero Diliberto).
La voix du Vice-premier ministre s’élève alors pour soutenir Pera.  Est-il légitime de combattre la terreur par la force ? « Certainement ! répond Gianfranco Fini, de retour du sommet d’Assem au Vietnam -.  Je crois que la défense légitime contre le terrorisme n’est pas seulement un acte admissible, mais un devoir  ». Le chef du groupe parlementaire Forza Italia, Renato Schifani, se range également aux côtés du Président du Sénat, assurant que « l’énorme majorité des Italiens  » partage son opinion.  Gianni Allemano, le ministre de l’Agriculture, prend en revanche ses distances quand il déclare que, d’après lui, le terrorisme peut être isolé « à travers une véritable comparaison entre les cultures
Dans cet article de Livia Michilli du Corriere Della Sera, on voit bien la diversité des opinions qui existe en Italie, tout comme chez nous.
Je retiens toutefois que le gouvernement italien, le Président du Sénat et de nombreux groupes parlementaires prennent une position courageuse et responsable face au défi du siècle qu’est le terrorisme.
Une Europe qui s’appuie sur les Etats-Unis pour résoudre ses problèmes, tout en les critiquant de manière acerbe, n’est pas une Europe digne.
Ce n’est pas de cette manière qu’elle deviendra une « grande puissance  », même à vingt cinq !
La force et la grandeur n’ont jamais été une question de nombre, mais d’attitude.  Et en cela, le Président du Sénat italien montre la voie.
À Paris, son homologue préfère se concentrer sur « l’art passant  » en accrochant des ¦uvres aux grilles des jardins du Sénat. Après cela, on s’étonnera que ses collègues le surnomment « le seigneur des panneaux  »â€¦
Hélas, il n’y a pas que l’art qui fasse le trottoir dans notre beau pays.  On a pu mesurer jusqu’à quel point certains ont pu aller et se compromettre avec la lie de la terre pour tenter de libérer nos otages. Â
Mais… au fait ?  Que deviennent-ils ?  Aurions nous épuisé notre réserve de boucs émissaires ? Qu’importe !  Le Quai a de quoi en mettre plein la vue. L’exception française n’a pas dit son dernier mot.  Vite : Arte, un film !  Rfi : un reportage ! Le Monde : un éditorial ! Marianne, Le Nouvel Obs, France 2, à la rescousse !  Le MRAP, la LDH : un défilé ! Busharon as-sas-sins ! Busharon as-sas-sins !  On est le pays des Droits de l’Homme : oui ou m… ?
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Albert Capino © PRIMO-Europe
Avec Livia Michilli © CORRIERE DELLA SERA
Merci à Pierre Assouline pour son sens critique de « l’Art à la française ».