Le fait qu’Arafat soit sous pression, son autoritarisme et la corruption de sa direction dénoncés, ne doit pas nous réjouir trop vite.
En effet, le vieux renard a plus d’un tour dans son sac, ce qui lui a permis de se sortir de toutes les situations jusqu’à présent.
Derrière les rapts, la contestation de l’Autorité palestinienne, il y a également une âpre lutte pour le pouvoir. Depuis Mohammed Dahlan, jusqu’aux factions « dures  » telles que les brigades Al-Aqsa ou encore le Hamas, qui voient dans l’affaiblissement du vieux Raïs la possibilité de prendre la main.
Par ailleurs, Arafat pourrait fort bien exploiter la situation à son avantage. Il ne s’en est pas caché par le passé, en affirmant notamment sa volonté d’internationaliser le conflit, afin d’amener la communauté internationale à intervenir, en dépêchant des troupes sur place pour « empêcher le chaos  ». Mais dans le même temps, il jouait sur les deux tableaux en ne freinant pas le terrorisme, persuadé que le résultat serait le même : l’intervention internationale pour « protéger le peuple palestinien  », devant la réaction « dure  » israélienne.
On doit reconnaître que sa stratégie s’est révélée partiellement payante, compte tenu de la réaction de la CIJ sur le « mur  » qu’Israë l a érigé pour se défendre des attentats suicide.
Toujours est-il que la marge de manoeuvre des protagonistes est étroite. Pour l’heure, l’armée israélienne a bouclé Gaza en raison de l’état d’urgence et ne laisse pénétrer ni les Israéliens, ni les journalistes en raison des risques encourus.
Par ailleurs, Tsahal a décidé de ne pas intervenir sur le terrain, estimant qu’une action armée serait interprétée comme celle d’une « puissance occupante  » tant décriée. Décision raisonnable s’il en est, mais qu’il faut rapprocher d’événements de sinistre mémoire. Il ne manquerait plus qu’Israë l soit accusé d’être responsable de violences intra-palestiniennes, comme certains tentèrent de le faire en 1982, à Sabra et Chatila.
Même si le chaos, l’anarchie et la violence parmi les Palestiniens affaiblissent effectivement Arafat, ils pourraient fort bien mettre Israë l dans une position délicate et révéler un dilemme diplomatique aigü, si la situation venait à dégénérer.
Gageons qu’en dehors des discussions autour d’un gouvernement d’Union nationale, le Premier ministre et le Président des travaillistes israéliens auront à cÅ“ur de chercher une issue favorable à cette crise, en consultation et en accord avec de futurs interlocuteurs potentiels de l’autre côté de la ligne verte.
Encore faudrait-il que des voix étrangères au conflit - dont les intérêts ne coïncident pas nécessairement avec un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens - ne viennent pas y mettre leur grain de sel.