Ce 12 juin 2004 fera date dans la stratégie de conquête islamique. C’est le jour choisi par Kamal Kharazi, ministre des Affaires étrangères iranien pour déclarer officiellement, lors d’une conférence de presse à Téhéran, que « le monde doit accepter l’Iran au sein du club des puissances nucléaires  ».
Volte-face ? Calcul prémédité ? Effet de choc ?
Plus simplement, étape d’une stratégie bien ficelée, bien construite, ayant consisté à déployer un arsenal de manÅ“uvres dilatoires pendant des années vis à vis du monde occidental, tout en galvanisant ses alliés islamistes.
Le contraste était particulièrement saisissant lors de la « convocation » des ministres des Affaires étrangères allemand anglais et français (Joschka Fischer, Jack Straw et Dominique de Villepin), le 20 octobre 2003 à Téhéran. À l’issue de cette rencontre, Dominique de Villepin avait déclaré qu’il était convaincu que l’Iran ne poursuivait aucun projet nucléaire en dehors d’un usage civil et qu’il était même prêt de fournir du combustible nucléaire au nom de la France, au vu de garanties qui pourraient lui être données à ce sujet.
Trois mois jour pour jour auparavant, le 20 juillet 2003, les Iraniens avaient fait défiler des lanceurs de missiles de type « Shahab III  », d’une portée de 1.300 km, où étaient inscrits « Nous écraserons l’Amérique  » et « Israë l doit être rayé de la carte  »...
L’Iran, outre le soutien officiel qu’il apporte au Hezbollah, au Jihad islamique et au Hamas, possède également des liens avec Al-Qaïda et a tout récemment appelé à la constitution d’une « armée de Kamikazes  » internationale, destinée à viser des objectifs « infidèles  » partout dans le monde.
Je conçois que le réveil soit difficile pour certains lecteurs mais, ce n’est pas faute de prévenir : cela va faire 18 ans que l’Iran travaille sur un programme d’enrichissement d’uranium… Malgré tout, d’aucuns s’évertuaient encore à tenter de nous convaincre jusqu’à aujourd’hui qu’il s’agissait d’un programme civil, destiné à produire de l’électricité…dans l’un des pays qui possède l’une des plus importantes réserve de pétrole mondiale ? Soyons sérieux…
En réalité, nous sommes en guerre, mais personne en Europe n’ose prononcer le mot. Les souvenirs de la dernière sont encore trop cuisants, comme on a pu le voir lors des cérémonies de commémoration du débarquement il y a 60 ans, le 6 juin 1944 et de l’importance réservée au rapprochement Franco-allemand.
Mais, à la différence de la paix, pour laquelle il faut être deux, la guerre, elle, n’a pas besoin de partenaire. Et cela fait belle lurette que les islamistes l’ont déclenchée, sur tous les fronts : médiatique, diplomatique, subversif, terroriste et à présent ouvertement et directement menaçante envers les capitales occidentales.
Après tout ce que l’Europe a vécu, peut-elle encore seulement croire que la stratégie de la collaboration soit payante ? Qu’elle puisse ainsi éviter l’affrontement ?
Je voudrais citer un ancien ministre de la République, qui écrit en ces termes* :
« Ces actions terroristes sont menées par des intégristes religieux contre notre civilisation judéo-chrétienne. Ils interprètent le Coran dans son sens le plus rétrograde et le plus malveillant. Ces hommes mènent un combat planétaire attaquant tantôt au Pakistan, tantôt aux États-Unis, parfois en Afrique noire ou en Europe, semant la mort et le carnage.
N’imaginons pas que la cause de cette guerre disparaîtrait si la paix en Israë l était signée. Ce pays n’est que la citadelle avancée de l’Occident. Comment expliquer autrement les combats menés au Soudan par les musulmans contre des chrétiens, combats que l’on retrouve en Indonésie ou au Nigeria et ailleurs. Ces fanatiques trouvent chez nous un terreau favorable essentiellement dà » à notre faiblesse, à notre trop grande tolérance. Comment se fait-il que des imams puissent faire des prêches prônant cette guerre, insultant notre civilisation, méprisant toutes les valeurs républicaines de l’Occident ? En Angleterre un de ces imams exigeait l’instauration d’un califat à Londres ! A Vénissieux, un autre faisait l’apologie du terrorisme ou des violences faites aux femmes ! N’avons-nous rien à défendre pour tolérer ces appels au meurtre ?  ».
Une inaction de notre part, les appels à l’ONU et au Droit international, même s’ils tentent de se justifier par le noble dessein d’éviter des morts sur le terrain, en laissera inéluctablement au moins un : la mort de notre liberté, de notre démocratie, de nos valeurs universelles que les islamistes sont bien décidés à remplacer par les leurs, en se servant de nos lois et de notre faiblesse.
Pour nous, le nucléaire a toujours constitué une dissuasion. Pour eux, c’est une arme, dont je ne suis pas certain qu’ils hésiteront à se servir. Que ce soit sous la forme massive de missiles, ou sporadique de « bombes sales ».
Aujourd’hui à Téhéran, une nouvelle étape dans l’escalade islamiste a été franchie.
* Bernard Debré, dans Le Figaro de ce jour