Les dirigeants israéliens ont exigé dimanche 23 aoà »t que le gouvernement à Stockholm condamne formellement un article de presse suédois jugé antisémite. Vraiment antisémite ? Il s’agit d’un article dont les relents racistes sont d’une violence rare, a tel point qu’on pourrait craindre qu’il engendre quelques agressions antijuives, vu le gros tirage du journal qui le publie.
Cet article affirme, tout d’abord, que des soldats israéliens auraient tué des Palestiniens (en 1992) pour leur enlever leurs organes à des fins de transplantation. Les preuves ? Aucune. Une ou deux familles qui soupçonnent, puisque des corps leur ont été rendus après autopsie. Mais personne – personne ! – n’avait constaté que des organes quelconques manquaient quelque part ! Le corps du délit, si j’ose dire, n’est pas constitué.
Le fait que les corps des Palestiniens tués dans des incidents armés aux circonstances incertaines aient été autopsiés par les autorités Israéliennes suffit à lancer la rumeur, la théorie du complot. Mais jamais les familles en question n’ont pris la peine de vérifier leurs dires, ni en démarchant le Israéliens, ni en lançant l’Autorité Palestinienne.
Faut il rappeler ensuite ce que sait tout médecin ? On ne transplante pas des organes pris à un inconnu décédé en dehors d’un hôpital de mort non naturelle. Ca serait de la (mauvaise) science fiction. Cet état des choses n’empêche pas le journal suédois de publier ces accusations sans prendre la peine de demander une opinion à un médecin. On est face à une véritable rumeur d’Orléans ! On se souvient également qu’au Moyen Age, l’Inquisition accusait parfois les Juifs d’utiliser le sang de Chrétiens dans le rituel de la Pâque…C’est dire les substrats de ce reportage !
Enfin, pour qui n’a toujours pas compris les insinuations, le journaliste suédois superpose a ses « révélations » le scandale du New Jersey (ou des membres de la communauté juive, dont des rabbins, sont inculpés de blanchiment d’argent et – dans un cas – de trafic d’organes). Quel rapport ? Aucun !
Mais à force d’insinuer, les lecteurs finiront par comprendre : ces pratiques là lient les Juifs du monde entier…
Ce genre de texte n’est pas seulement d’un racisme abject, il est dangereux par les conséquences qu’il pourrait entrainer. C’est pour cela que nous avions demandé aux autorités suédoises de le dénoncer et de condamner publiquement le contenu de l’article. Que certains aient prêté a Israë l d’autres exigences est encore un autre problème : nous n’avons pas demandé des sanctions ni des mesures quelconques contre le journal ou le journaliste, par respect envers la liberté de la presse. Nous n’avions pas demandé des excuses au gouvernement de Stockholm, pas plus que nous ne l’avions qualifié d’antisémite. C’est le contraire qui est vrai : nos attentes sont à la hauteur de son action très efficace et déterminée dans la lutte contre l’antisémitisme.
Cette affaire menace-t-elle de se transformer en crise diplomatique entre Israë l et la Suède qui assure la présidence européenne ?
La crise est là , il faut bien le constater. Elle a été déclenchée par l’attitude incompréhensible du Ministère des Affaires étrangères suédois, qui a désavoué publiquement son ambassadrice en Israë l, après que celle-ci ait diffusé un communiqué de presse condamnant les allégations de l’article en question. Mais il faut dédramatiser aujourd’hui, car nous ne cherchons pas la confrontation : le ballon est dans le camp suédois. Le ministre Carl Bildt viendra en Israë l la semaine prochaine. Ca sera la bonne occasion pour une désescalade et une conclusion positive de cette affaire, qui n’a que trop durée.
Par ailleurs, le ministre des affaires étrangères israélien vient de reprocher au gouvernement norvégien d’avoir décidé de commémorer la naissance de l’écrivain Knut Hamsun (1859 – 1952), pour quelles raisons ?
Knut Hamsun était un sympathisant des Nazis. D’ailleurs, il avait dédié son prix Nobel à Josef Goebbels… Difficile d’y voir un modèle de conduite. Il est vrai que le gouvernement norvégien a, des le départ, mis en garde contre toute glorification du personnage, dissociant l’homme de son Å“uvre. Avertissement louable aux lecteurs, donc. Mais on reste quand même un peu gêné devant la célébration d’un auteur féru de National-socialisme. Le débat est pour le moins permis, n’est ce pas ?