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« Le barbare, c’est d’abord celui qui croit en la barbarie », Claude Lévi-Strauss.
Emmanuel.
Article mis en ligne le 24 avril 2004
dernière modification le 7 avril 2005

Propos de Véronique de Keyser au JT de 19 h 30 de RTBF 1 du 23/02/04.
Comparaison entre « mur de sécurité » et camps de concentration...
Réaction et réflexions...

Le 23 février 2004, Véronique de Keyser, parlementaire européen socialiste, de retour de Cisjordanie en tant que membre d’une délégation européenne en mission d’observation d’une durée de trois jours concernant ce qu’on appelle, abusivement, le « mur » de sécurité israélien[i], a déclaré à la RTBF 1 que ce « mur » n’était pas un mur de sécurité mais un mur de l’apartheid et a affirmé et répété sans ciller que l’impression qu’il donnait était celle de camps de concentration. Depuis, aucune réaction, aucun commentaire dans les médias concernant ces propos. Un article d’Agnès Gorissen, paru dans Le Soir du 26 février, relate bien qu’un voyage de dix parlementaires européens a eu lieu du 19 au 22 février mais il ne cite pas les mêmes propos que ceux entendus lors du JT de 19h30 du 23 février. Il se contente de mettre en parallèle, la fin des audiences relatives à la « clôture antiterroriste » en cours de construction par Israël à la Cour Internationale de Justice de La Haye et des propos choisis de quelques-uns des euro-députés envoyés quelques jours auparavant, pour une mission d’observation concernant cette même construction, dont des propos de Véronique de Keyser. Ceux-ci, s’ils n’évoquent plus explicitement les camps de concentration et l’apartheid, sont plus subtils en ce qu’ils gardent un champ lexical y faisant néanmoins référence, permettant à l’eurodéputée d’accuser Israël de crime contre l’humanité, par le truchement d’un vocabulaire afférent et, évidemment, à forte charge émotionnelle. Etonné de cette absence de réactions, j’ai décidé d’écrire un texte afin, non seulement de condamner les propos de Véronique de Keyser, mais aussi d’analyser brièvement certains de leurs aspects et implications. Néanmoins, je tiens à préciser que le texte qui suit n’a aucunement la prétention ou la volonté d’argumenter pour ou contre la barrière de sécurité israélienne. Enfin, ce texte n’a pas non plus pour but d’expliquer un conflit vieux de plusieurs décennies.

Tout d’abord, il convient de relever qu’à aucun moment Véronique de Keyser n’a affirmé la présence avérée de camps de concentration où seraient enfermés les Palestiniens. Elle s’est « contentée » de faire une comparaison entre la construction israélienne et des camps de concentration à partir de ce qu’elle nomme une impression : « les murs sont équipés de caméras de surveillance, il y a, tous les » x « mètres, des miradors avec des soldats qui surveillent, là où il n’y a pas de mur de béton, il y a des barbelés et on a vraiment l’impression de camps de concentration  ». Elle part donc d’une description personnelle de la construction litigieuse, en choisissant ses mots, pour aboutir à l’identification à des camps de concentration, celle-ci appartenant au monde de l’imaginaire et non de la réalité objective, le mot impression étant là pour nous le rappeler. S’il s’agit d’un témoignage, il faut donc bien garder à l’esprit qu’il ne peut s’agir d’un témoignage de faits mais d’un témoignage d’impressions... à supposer qu’on inscrive de tels propos dans une quelconque forme de parallélisme avec une démarche juridique, bien sûr. Plus généralement, on peut s’étonner du fait qu’un membre d’une commission européenne d’observation a évoqué les résultats de sa mission d’une manière si peu rigoureuse. Peut-être est-on en droit de s’attendre à des propos où la recherche de factualité et de donnés objectives primerait sur le défoulement de l’imaginaire. Question de déontologie et de rapport à ses responsabilités politiques sans doute, j’y reviendrai.

Remarquons également qu’en fait d’observation, les propos de Véronique de Keyser n’ont porté étrangement que sur une partie de la question. En effet, si, l’on en croit cette interview, seul l’aspect « palestinien » du problème a été pris en compte. Doit-on comprendre que l’observation a été « ciblée » et si c’est le cas, pourquoi ? Y avait-il un but politique quelconque à ignorer les causes qui ont amené les Israéliens à édifier cette construction dont ils rappellent (à qui ne veut pas les entendre ?) qu’elle a une vocation strictement défensive ? Doit-on penser que les Israéliens ne ressentent pas la tristesse, le désarroi, la peur ou la souffrance mais que seuls les Palestiniens peuvent ressentir ces sentiments ?

Toutefois, penchons-nous sur la « description » de la construction israélienne que nous livre Véronique de Keyser. Car c’est bien par là qu’elle commence, dans ses propos, pour justifier l’utilisation qu’elle fait de l’expression « camps de concentration ».

Manifestement, elle ne trouve pas l’ouvrage particulièrement joli. Esthétiquement, elle le charge même d’une valeur fortement négative. A l’écouter, son architecture au postmodernisme douteux traduirait une tendance nihiliste particulièrement accentuée, mêlée étrangement au caractère brutalisant d’une culture industrielle et... militariste évidemment ! Au risque d’asséner le coup de grâce au moral artistique de notre brave Véronique et de la plonger définitivement dans les méandres de la mélancolie dépressive, il n’y a pas besoin d’aller si loin pour voir de tels ouvrages bafouer les règles de l’art. Il suffit pour cela de se rendre sur une de nos nombreuses bases militaires car on y voit à peu de chose près la même chose : ce n’est pas plus accueillant. Mais le problème n’est pas d’ordre esthétique pour Véronique de Keyser. Serait-il alors d’ordre éthique et politique ? Car elle a bien parlé de camps de concentration !

Pourtant, Israël n’est pas le premier pays à construire un mur ou une barrière pour des raisons militaires ou, plus largement, de sécurité. En effet, il existe un nombre appréciable de barrières, murs ou clôtures de ce type un peu partout dans le monde, parfois même construits ( ou en cours d’édification ) sur un territoire contesté ! Citons quelques exemples. La Corée du Sud se protège de la Corée du Nord par une barrière. L’Inde construit actuellement une barrière au Cachemire, contesté par le Pakistan voisin. L’Arabie Saoudite en construit une, faite de béton et de caméras de surveillance, sur la frontière avec le Yémen. Cela suscite la colère de plusieurs tribus locales qui affirment que la construction lèse le territoire yéménite de près de 7 kilomètres... et menacent de se battre. Le Botswana construit des barrières électrifiées à sa frontière avec le Zimbabwe, et un officiel zimbabwéen a récemment accusé son voisin de vouloir créer « une nouvelle bande de Gaza ». Lieu de tension plus importante dans le monde où l’on voit s’ériger un ouvrage semblable, Chypre, dont une partie du territoire est contestée par la Turquie, candidate à l’Europe et qui a construit une barrière afin de délimiter le territoire qu’elle revendique du reste de l’île chypriote. Mais n’oublions pas le cas terrible de l’Irlande : depuis plus de trente ans, des dizaines de murs, séparent catholiques et protestants. Des rues ont été coupées par des barrières d’acier, afin de stopper les jets de projectiles (pierres, cocktails Molotov, grenades... ). Des quartiers entiers de Belfast ont été défigurés (maisons rasées, habitants expulsés) pour permettre la construction de ces murs[ii]... Si l’on suit le raisonnement de Véronique de Keyser, il y a donc actuellement des camps de concentration en Europe !

Pourtant, là, aucune protestation, aucune plainte, aucune réprobation, aucune condamnation. Voilà qui laisse perplexe. Alors quelle est la nature du problème ? S’il celui-ci n’est ni d’ordre esthétique, ni d’ordre éthique, de quoi s’agit-il ? Pourquoi cette émotion si vive et cette condamnation si ferme, assorties d’un tel ton pathétique concernant la construction israélienne ?

Peut-être devrions-nous nous pencher sur la notion de camp de concentration. Qu’est-ce qu’un camp de concentration ? On pourrait tenter cette définition :
il s’agit d’une installation de détention où l’on enferme, généralement sur simple décision de la police ou de l’armée, des gens qui sont considérés comme gênants pour le pouvoir.
La plupart des camps de concentration sont aussi des camps de travail forcé.
La mortalité y est très forte en raison des mauvaises conditions de vie, de travail, d’alimentation[iii]. Les premiers camps de concentration ont été construits par les Anglais lors de la guerre des Boers (estimation de 30000 morts), ensuite ce seront les Soviétiques qui appliqueront ces méthodes radicales, Staline multipliant les camps sous un organisme central, le sinistre Goulag. Mais les plus tristement célèbres restent ceux conçus par les nazis à partir de 1933, sous l’impulsion de Hitler, dans le but d’enfermer ses opposants. Cependant, Véronique de Keyser, dans ses propos, est plus évocatrice en ce qu’elle fait référence explicitement à la seconde guerre mondiale et aux souffrances qu’ont connues les Juifs durant cette sombre période de l’histoire européenne. Dans un tel contexte, il est évidemment difficile de dissocier camps de concentration d’holocauste ou de génocide. Et lorsqu’elle parle d’images « qu’on aurait plus jamais voulu voir », c’est aux images terribles des camps de la mort telle qu’elles nous ont été « révélées » par les troupes libératrices à la fin du second conflit mondial qu’elle fait référence. Ainsi entretient-elle l’ambiguïté, à travers des images évocatrices et un vocabulaire tantôt suggestif, tantôt plus explicite, entre le « mur » de sécurité israélien et le génocide nazi : ce qu’on a appelé la Shoah.

Voilà qui amène une première question : y a-t-il un génocide des Palestiniens perpétré par Israël ? La présence permanente de journalistes sur le terrain et la sur-médiatisation du conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens, avec son cortège d’images sanglantes quotidiennement déversées sur nos petits écrans, la mondialisation de ce même conflit et l’implication sur le terrain d’à peu près toutes les puissances ou pseudo-puissances de l’échiquier mondial, l’attention démesurée portée par les instances internationales, avec les centaines de déclarations, résolutions et communiqués qui en découlent chaque année, la surveillance permanente de chaque centimètre carré de terre en Israël et en territoires occupés devraient amplement nous garantir de l’erreur dans la réponse à cette question. Or, nous sommes bien forcés de constater que, vu la démographie galopante que connaissent les Palestiniens depuis cinquante ans et, en particulier, depuis 1967, date depuis laquelle les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sont sous administration israélienne, il est difficile de parler de génocide. Sans oublier que l’administration israélienne a notablement amélioré les conditions de vie des Palestiniens du point de vue sanitaire ou éducatif. Par ailleurs, et pour en terminer avec cet argument, si, comme le suggère Véronique de Keyser, la barrière de sécurité israélienne est assimilable à des camps concentration, il faut noter que les Palestiniens ont pu user de l’opportunité de saisir la Haute Cour de Justice d’Israël qui va statuer sur leur demande concernant le tracé de cette construction. Dans un système concentrationnaire, une telle possibilité n’existe pas, univers (ou système) concentrationnaire et institutions démocratiques étant antithétiques.

Vient la deuxième question : y a -t-il des camps de concentration construits par Israël ? Concernant l’identification proprement dite de la barrière israélienne avec des camps de concentration, la même mise permanente d’Israël sous les projecteurs et microscopes étrangers nous permet de démentir catégoriquement la mise en place d’un système concentrationnaire israélien, dans lequel les Palestiniens seraient enfermés et persécutés. D’ailleurs, un peu de bon sens s’impose : une barrière n’est pas un enclos et le tracé officiel de la barrière ne permet qu’une séparation des deux populations et non un enfermement ou une quelconque « incarcération » des Palestiniens dans une forme de gigantesque camp et ce, contrairement à ce que prétendent certaines « cartes », complaisamment diffusées parfois par des médias sensés être respectables[iv], et dues à des organes à la sensibilité pro-palestinienne, dans une volonté évidente de dramatisation et de diffamation.[v]

Ces deux questions ayant reçu chacune une réponse négative, nous voici placés devant une nouvelle interrogation. Pourquoi Véronique de Keyser a-t-elle mis en parallèle ce qu’elle a appelé le « mur » de sécurité israélien et les camps de concentration (elle a également parlé de mur de l’apartheid, j’y reviendrai plus loin) ? Je ne cache pas que cette question constitue, en fait, le centre de ma réflexion à travers ce texte.

On pourrait parler de dérapage incontrôlé. Néanmoins, l’insistance avec laquelle, elle assène son propos pour la RTBF 1, de même que la réponse justificatrice qu’elle formule à la suite de la réaction du journaliste qui lui fait remarquer que « c’est un mot qu’il faut oser », m’amène à penser que Véronique de Keyser ne s’est pas trompée ou égarée dans un mouvement de distraction, en évoquant son voyage en Cisjordanie, en sa qualité de membre socialiste belge d’une mission parlementaire européenne d’observation concernant la barrière de sécurité israélienne. De plus, Agnès Gorissen rapporte quant à elle d’autres propos de l’europarlementaire dans le journal Le Soir. Or, la journaliste introduit la réaction de Véronique de Keyser dans son article par trois petits mots qu’elle aurait prononcés : « froid et systématique ». Encore le champ lexical de l’extermination nazie... Manifestement, elle pensait ce qu’elle disait face aux micros de la RTBF 1, trois jours plus tôt, et s’exprimait à dessein !

Tout d’abord, si, comme je l’ai dit plus haut, Véronique de Keyser n’affirme à aucun moment qu’il existe bel et bien des camps de concentration israéliens, tout en utilisant néanmoins les images atroces qui ont imprimé notre inconscient collectif depuis cinquante ans, il est intéressant de relever la coïncidence remarquable de ses propos et sous-entendus avec la propagande palestinienne. En effet, on constate quotidiennement que les responsables politiques, religieux ou militaires des palestiniens utilisent une rhétorique similaire. Ainsi, à les croire, il y aurait un génocide des Palestiniens. Ceux-ci seraient persécutés. Ils parlent de « déportations ». Parfois, les journalistes renchérissent eux-même, en parlant de raffles, désignant ainsi des arrestations de Palestiniens par des soldats israéliens. Etrangement, les Palestiniens affirment que l’indépendance israélienne a donné lieu à ce qu’ils appellent la « Nakba », « la grande catastrophe », marquée par de prétendues exterminations et déportations. Une sorte de Shoah palestinienne. Les Palestiniens accusent régulièrement les autorités israéliennes de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité. Non seulement, ces propos sont répercutés dans la presse mais plus encore, un tel vocabulaire est régulièrement employé par des journalistes ou responsables politiques occidentaux. De la sorte, on peut constater un glissement sémantique et une torsion « nazifiante » du discours losrqu’on parle d’Israël. Parallèlement, on assiste à une « judaïsation » des Palestiniens. Ainsi qualifie-t-on ceux-ci comme un « David face à Goliath ». On a déjà pu entendre l’expression étoile jaune appliquée aux Palestiniens, le discours ne reculant pas devant l’hyperbole. Plus largement, la rhétorique qui consiste à nazifier les Israéliens et à transformer les Palestiniens en Juifs consiste à la fois en un retournement de situation ( les attentats suicides ont été reconnus par de nombreuses organisations humanitaires et par Amnesty International comme étant des crimes contre l’humanité) et en une volonté de travestissement. Car c’est bien ça qui est troublant : Israël est un Etat juif... et on cherche manifestement à lui prêter l’habit nazi. Or, n’y a-t-il pas plus terrifiant pour un Juif que l’image de l’holocauste ou que celle du bourreau nazi, responsable de l’extermination de son peuple ?

Cependant, la « subtilité » du discours de Véronique de Keyser ne doit pas nous laisser dupes de l’indicibilité de la douleur infligée par de tels propos diffamatoires au peuple d’Israël et, au-delà, au peuple juif. On peut véritablement ici parler de perversion, à l’écoute d’un tel discours. D’ailleurs, le mécanisme du travestissement n’est-il pas central dans la perversion ? Point n’est besoin d’être psychologue pour s’en rendre compte : l’actualité judiciaire en Belgique est bien là pour l’illustrer de façon écœurante[vi].

Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il y a parfois une véritable obsession à vouloir imputer des crimes de guerre ou contre l’humanité aux Israéliens. Rappelons-nous à ce propos la virulence et la promptitude avec laquelle intellectuels, responsables politiques et journalistes occidentaux ont réclamé une enquête internationale sur le déroulement des opérations militaires israéliennes à Djenine en avril 2002 afin de démontrer de prétendus massacres, suite aux accusations palestiniennes de « génocide ». N’oublions pas que l’accession d’Ariel Sharon au poste de premier ministre a coïncidé étrangement avec une campagne médiatique sans précédent cherchant à le qualifier de criminel de guerre et à discréditer sans appel le caractère démocratique de l’Etat d’Israël. On a pu voir d’ailleurs comment, journalistes, politiciens, Palestiniens, Libanais, avec le soutien parfois de certains Etats arabes ont subitement tout fait pour traîner le dirigeant israélien devant les tribunaux, dans une soi-disant volonté de clarification historique, politisant au maximum la fameuse et désormais défunte loi de compétence universelle.

Dans un autre registre, souvenons-nous aussi de l’imposture médiatique largement diffusée par France 2 concernant le petit Mohamed Al - Dura et de la faiblesse intellectuelle avec laquelle des millions de gens de par le monde ont accepté durablement l’idée que l’armée israélienne assassinait intentionnellement des enfants, entachant ainsi Israël de l’accusation terrible de crimes de guerre quasi ritualisés.[vii] [viii] De tels dérapages médiatiques ne peuvent s’expliquer selon moi que par les mécanismes que j’ai évoqués plus haut et qui sont à l’œuvre dans les propos de Véronique de Keyser...

Aujourd’hui, le processus de criminalisation et de nazification d’Israël est tel que, non seulement, les Palestiniens sont devenus dans nos représentations mentales et jusque dans notre vocabulaire, le Juif persécuté et menacé d’extermination, mais plus encore, ils incarnent désormais le Christ en croix de la chrétienté et l’humanité aliénée, l’homme dénudé de Marx.[ix]

Mais poursuivons nos interrogations sur ce dernier point et revenons encore aux propos de Véronique de Keyser. Car l’insistance avec laquelle elle évoque le lien qu’elle opère entre la barrière de sécurité israélienne et les camps de concentration, ainsi que la sollicitation de notre inconscient collectif relatif à la seconde guerre mondiale qui en découle éclairent d’une lumière nouvelle le processus de nazification d’Israël, au-delà de ses propres propos. Peut être s’agit-il, en tant qu’européenne, de dépasser, voire d’enterrer ainsi la culpabilité ressentie au lendemain de la seconde guerre mondiale. C’est en partie le résultat d’une vision erronée qu’a l’Europe d’Israël et de la réalité proche-orientale : celle qui consiste, d’une part à voir en Israël le rescapé des camps de la mort et, d’autre part, de considérer Israël comme un cadeau d’une Europe, voire d’un Occident coupable à la sortie du second conflit mondial. C’est là le sens des propos de Véronique de Keyser lorsqu’elle dit : « c’est une image terrible - celle de camps de concentration bien sûr - pour nous qui avions toujours soutenu Israël à cause des souffrances de la seconde guerre mondiale de revoir, pour certains d’entre nous, des images qu’on n’aurait plus jamais voulu voir ».[x] Au-delà de la forclusion, c’est l’identité même d’Israël qui est déniée (et des Palestiniens, on le verra plus loin). Car le projet sioniste n’est pas né des cendres de la Shoah. Il s’enracine dans plusieurs siècles d’histoire, puise sa force de deux mille ans d’exil et accompli la volonté du peuple juif en réussissant là où d’autres tentatives avaient échoué précédemment.

C’est cette même erreur de « lecture » qui amène si souvent les Occidentaux, et les Européens en particulier, à voir en Israël un Etat colonial, rejoignant ainsi la propagande palestinienne. C’est ici qu’il est intéressant de relever le recours, par Véronique de Keyser à l’expression « mur de l’apartheid ». Outre qu’encore une fois, cette expression, largement diffusée par les médias, coïncide remarquablement avec la propagande palestinienne (qui l’a d’ailleurs forgée), il convient de bien voir en elle une volonté de délégitimation d’Israël. Il faut pour cela se rappeler la signification historique du mot apartheid.

L’apartheid est né en Afrique du Sud et consistait en une politique de ségrégation raciale des blancs, vis-à-vis de la population noire. En clair, les Noirs d’Afrique du Sud, par cette politique, étaient dans leur propre pays, victimes d’une politique raciale de la part de descendants de colons européens. En parlant de mur d’apartheid, on signifie donc clairement qu’Israël n’a aucune légitimité. On affirme aussi que l’espace géographique qui s’étend de la Méditerranée au Jourdain est indivisible, qu’il ne peut voir s’élever qu’un Etat arabe palestinien et que donc, toute délimitation à l’intérieur de cet espace géographique est une injustice et un racisme. Par conséquent, on prône l’éradication d’Israël et de toute présence politique juive dans la région. On affirme également que les Juifs ne sont que des colons occidentaux. De même que la présence de blancs en Afrique du Sud n’est pas « naturelle », on prétend que la présence de Juifs dans cette région n’est pas « naturelle » non plus et que cette présence juive qu’on appelle israélienne n’est donc que le fruit pourri d’une aberration historique. Voilà qui accrédite la thèse, très arabe par ailleurs que les Arabes étaient « là » bien avant les Juifs. C’est ce qu’on appelle la théologie de la substitution, très en vogue chez les Palestiniens et qui consiste à falsifier plusieurs millénaires d’histoire, jusqu’à nier les évidences archéologiques ![xi] Le plan de partage de L’ONU de 1947 est donc nul et non avenu. Israël est un crime et il faut le laver ! On voit ainsi comment culpabilité coloniale de l’Occident et volonté d’éradication de toute présence politique juive au Proche-Orient peuvent se marier.

Encore une fois, Véronique de Keyser fait preuve d’une complaisance troublante envers la propagande palestinienne. Elle n’hésite pas à recourir à des termes à forte charge émotionnelle et relevant du champ lexical de la politique raciale. La conséquence d’un tel discours ne laisse pas d’alternative : de même qu’il a fallut anéantir le régime nazi ou faire disparaître totalement celui de l’apartheid, de même si on suit ce raisonnement, il faudrait alors éliminer Israël.

On le voit, le travestissement moral et politique d’Israël, tel que je l’ai dénoncé plus haut dépasse le cadre de la catégorie psychologique : il s’agit ni plus ni moins de la contestation de l’identité d’un peuple, le peuple d’Israël.[xii]

Mais le travestissement comme technique de délégitimation fondamentale d’Israël s’avère être une arme à double tranchant. En effet, en judaïsant les Palestiniens et en nazifiant Israël, ce n’est pas seulement la contestation de l’identité de l’Etat hébreu qui est à l’œuvre mais c’est aussi la négation de l’identité des Palestiniens. En effet, une analyse mettant à l’épreuve de la logique et du principe de non-contradiction le discours visant à nazifier l’Etat d’Israël et, parallèlement, à judaïser les Palestiniens ne peut aboutir qu’à une telle conclusion. Pour comprendre cela, rappelons que le philosophe grec Aristote avait énoncé trois règles sans lesquelles aucune pensée n’est possible :

  • le principe d’identité : A est A ;
  • le principe du tiers exclu : si deux propositions sont contradictoires, alors l’une est vraie et l’autre fausse ;
  • le principe de non-contradiction : on ne peut pas à la fois affirmer deux propositions contradictoires.

On mesure clairement, à l’aune de ces trois énoncés, le problème logique constitué par un discours ayant pour effet de judaïser les Palestiniens : on ne peut affirmer à la fois que les Palestiniens ont une identité propre et différente des Juifs et, en particulier, des Israéliens, justifiant la création d’un Etat, au nom du droit des peuples à l’autodétermination et, dans le même temps, attribuer aux mêmes Palestiniens, les marques de la judéité et de l’histoire juive. Non seulement, il s’agit là d’une violation du principe de non-contradiction énoncé plus haut, mais on bafoue le principe d’identité, en greffant l’identité juive à celle des Palestiniens, en affirmant que A = non-A.[xiii]

C’est Lévi-Strauss qui avait raison ! « Le barbare, c’est d’abord celui qui croit en la barbarie ». Voilà qui donne un sens particulièrement ironique et presque cynique aux mots par lesquels elle terminait son interview : « et nous n’étions venus, ni pour Israël, ni pour la Palestine ».

C’est cette barbarie du discours que je prétends dénoncer et condamner ici. A l’heure où l’Europe et Israël sont en délicatesse et cherchent à renouer le dialogue, Véronique de Keyser a manqué cruellement de sagesse et a répandu inutilement de l’huile sur le feu.[xiv] Alors qu’Israël reproche aux Européens une politique ouvertement pro-palestinienne et un visage antisémite déguisé en principes moraux[xv], l’euro-députée a fait preuve d’irresponsabilité en épousant une propagande par ailleurs destructrice à l’égard des Palestiniens eux-mêmes. Il ne faut pas s’étonner dès lors des résultats de sondages faisant d’Israël la principale menace pour la paix mondiale, devant des dictatures notoires comme l’Iran ou la Corée du Nord, tandis que, sur le terrain, le sang continue à couler.

De tels propos doivent être condamnés avec fermeté et je suis surpris du silence, voire de la complaisance avec laquelle ils sont reçus. Ce n’est pas en attisant la haine qu’on résoudra le conflit israélo-arabe. Par ailleurs, les mécanismes pervers du discours de Véronique de Keyser, tels que je les ai mis en lumière, et la terminologie dont elle fait usage avec insistance révèlent un antisémitisme sournois. Le rapprochement qu’elle fait entre ce qu’elle appelle abusivement « mur » de sécurité et camps de concentration est une injure à tous ceux, Juifs et non-Juifs qui ont été victimes des camps de concentration. C’est une insulte envers le peuple d’Israël. Enfin, c’est une infamie envers les victimes attentats terroristes qui sont régulièrement perpétrés par les adorateurs de la mort palestiniens en Israël.



[i] En dépit des nombreuses photos publiées dans les médias internationaux montrant un grand mur en béton, plus de 97% de la « barrière de sécurité », sur les 720 km prévus, seront constitués par un réseau de barbelés. Moins de 3% de la « barrière » sera construite en béton, essentiellement pour empêcher des tirs sur des voitures.

[ii] De telles constructions sont parfois utilisées pour empêcher l’immigration illégale. Ainsi, les Etats-Unis en ont-il érigée une de plusieurs milliers de kilomètres le long de leur frontière avec le Mexique pour cette même raison (3200 kilomètres de barrière militarisée. L’Espagne recourt à une barrière électrique agrémentée de barbelés et de caméras Hi-Tech et financée par l’Union européenne, pour empêcher l’infiltration d’illégaux venant du Maroc. La France et la Grande-Bretagne en ont construit une aussi pour contrer l’immigration illégale.

[iii] Cf. http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanso...

[iv] Ainsi, on a pu voir de chaînes de télévisions nationales diffuser des cartes d’origine palestinienne, montrant par exemple deux immenses enclos encerclant complètement les villes palestiniennes. On peut d’ailleurs retrouver ces cartes... sur des sites palestiniens dédiés à l’intifada !

[v] Concernant le tracé officiel de la clôture anti-terroriste israélienne ainsi que pour d’autres points relatifs à cette construction, il est possible de se rendre sur le site du ministère israélien des affaires étrangères, http://www.mfa.gov.il/mfa/go.asp?MF... .

[vi] Le procès de Marc Dutroux.

[vii] Pour ce qui est de l’affaire Al-Dura, voir le livre de Gérard Hubert, Contre-expertise d’une mise en scène, publié aux Éditions Raphaël.

[viii] Sur ce point, il n’est pas innocent de remarquer que, tout récemment, ce 23/02/04, France 2 a diffusé un documentaire intitulé « un oeil sur la planète », magazine de la rédaction présenté par Thierry Thuillier, et dans lequel on prétendait nous « apprendre », au moyen d’un montage aussi bien réussi que machiavélique, le meurtre de trois enfants palestiniens par des soldats de Tsahal, devant la barrière de sécurité. Au cours de la séquence en question, le présentateur, prenant à témoin une femme israélienne membre d’une association de défense des droits des Palestiniens, assène sans trembler, « mais vous savez que la plupart des gens en Israël, aujourd’hui, sont d’accord avec ça ? » Et le journaliste d’ajouter, quelques instants plus tard, que « cet incident est tellement commun qu’il ne fait pas une ligne dans la presse en Israël ». Le 27 février, je lis dans un article du Soir intitulé « premiers morts près du mur » que le lendemain de la dernière audience à La Haye au sujet de la barrière de sécurité (donc le jeudi 26/02/04) trois Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens, devant un des chantiers ordonnés pour l’édification de la barrière de sécurité. J’en déduis que les trois « morts » de l’émission de lundi sur France 2 ont été inventés et « crédibilisés » aux yeux des téléspectateurs grâce à un montage. Je comprends dès lors pourquoi « cet incident » n’a fait aucune ligne dans la presse israélienne : il n’a jamais eu lieu. Il reste que France 2 n’a pas hésité à inventer trois crimes de guerre imputés à l’armée israélienne. On observera qu’il s’agit de la même technique que celle utilisée par Véronique de Keyser, telle que je l’ai mise en lumière au début de ce texte : on n’affirme pas explicitement, on suggère, on fait croire que, on laisse à penser...

[ix] A ce propos, il est très intéressant de constater régulièrement, lors de manifestations alter mondialistes, comme hier, lors des manifestations d’opposition à la guerre en Irak, la présence, aux côtés de drapeaux représentant la faucille et le marteau sur fond du rouge révolutionnaire, de drapeaux palestiniens, extrême gauche et mouvances pro-palestiniennes s’alliant parfaitement dans une haine commune d’un prétendu axe américano-sioniste, représentant de « l’impérialisme capitaliste et de l’idéal bourgeois de l’Occident ». Mais ceci mériterait sans doute une étude plus complexe et plus spécifique.

[x] Plus loin, au cours de l’interview, elle précisera, face à l’étonnement du journaliste qui l’interrogeait, et comme pour se justifier, que parmi les parlementaires présents avec elle lors de la mission d’observation, figuraient des personnes « qui avaient perdu leur famille dans les camps de concentration, ou qui avaient souffert d’une autre manière de la seconde guerre mondiale ».

[xi] Pour ne citer que ces exemples, on peut mentionner la destruction du tombeau de Joseph par les Palestiniens et sa reconstruction sous forme de mosquée, de même que la destruction des vestiges des « Écuries de Salomon » par les Palestiniens, pour y construire une mosquée souterraine qu’ils ont reliée à la mosquée Al-Aksa. Ceci a d‚ailleurs entraîné des détériorations particulièrement inquiétantes, voire très graves, selon les spécialistes, du Mur des Lamentations (une partie d’un mur de soutènement en pierres adjacent au Mur occidental de Jérusalem s‚est effondré en septembre 2003), et dont les Palestiniens nient envers et contre tous la valeur tant religieuse qu‚archéologique. On se souvient d‚ailleurs d‚Arafat assurant à un Bill Clinton abasourdi qu‚il n‚y avait jamais eu de temple juif à Jérusalem, lors des négociations menées avec le gouvernement d‚Ehud Barak à Camp David puis à Taba. De manière plus générale, on recense régulièrement des déclarations de la part des autorités politiques et religieuses palestiniennes selon lesquelles, il n‚y aurait aucun lieu saint juif dans la région.

[xii] Et par conséquent de son droit à l‚autodétermination. C‚est d‚ailleurs ce que font ceux qui cherchent à assimiler le sionisme à un racisme. C‚est ce qu‚avait fait l‚Assemblée Générale des NationsˆUnies en 1974 lorsqu‚elle adopta, sous l‚impulsions des pays arabes, une résolution assimilant le sionisme à une forme de racisme. Il ne s‚agissait pas de condamner le sionisme dans tel ou tel développement théorique ou évolution historique à travers un gouvernement particulier, mais de le délégitimer fondamentalement en son essence sur base de critères éthiques tronqués. On voit clairement ici qu‚il s‚agit d‚un retournement de principes raciaux. Au lieu d‚afficher clairement des arguments racistes (négation ou infériorisation du peuple juif et refus de son droit à l‚autodétermination) on l‚accuse, à travers la condamnation du sionisme, de racisme. On peut rejoindre ici, Alain Finkielkraut en constatant que le meilleur moyen d‚être raciste en encore d‚être antiraciste.

[xiii] La logique de non-contradiction n‚est pas la seule existant dans le discours humain. C‚est ce qu‚a démontré l‚anthropologue français Lucien Lévy-Bruhl lorsqu‚il étudia les mentalités primitives. Ce qu‚on désigne communément sous le vocable de discours mythologique n‚est autre qu‚une distorsion du discours faisant fi du principe même de non-contradiction. Ici, on touche aux limites de ce texte : on pourrait s‚étonner de ce que les Palestiniens eux-même se livrent à une judaïsation et, par conséquent, à une apparente désubstantialisation de leur propre identité. Mais peut-être faut il alors émettre l‚hypothèse selon laquelle, en réalité, un tel discours appartient à une construction mythologique visant à justifier l‚existence des Palestiniens en tant que peuple et à donner une essence à celui-ci. C‚est un sujet qui mériterait une étude spécifique et plus approfondie, concernant précisément la construction de l‚identité palestinienne. Néanmoins, dans une telle optique, il faudrait admettre alors que Véronique de Keyser participerait à une telle élaboration mythologique, ce qui serait évidemment contraire à la mission qui lui est assignée en tant que membre du parlement européen.

[xiv] Véronique de Keyser étant députée socialiste au parlement européen, c‚est évidemment sur le plan européen que je place mon propos, l‚initiative de ce texte prenant d‚ailleurs racine dans une interview qu‚elle a donnée à la suite d‚une mission européenne au Proche-Orient. Néanmoins, sur le plan gouvernemental, auquel il faut rappeler que Véronique de Keyser n‚est pas soumise, il convient de souligner que la Belgique tente d‚apaiser ses relations avec Israël. C‚est d‚ailleurs en ce sens que le ministre belge des affaires étrangères Louis Michel ?uvre à la tête de la diplomatie belge et qu‚il a entrepris, il y a peu, un voyage en Israël.

[xv] Selon un récent sondage commandé par l‚UE et réalisé par l‚institut de sondage israélien Dahaf, 74% des Israéliens estiment que l’UE a adopté une position pro-palestinienne dans le conflit israélo-palestinien et 60% pensent que les Quinze n’ont pas suffisamment dénoncé les attentats contre la population israélienne. Enfin, 64% affirment que « l’attitude de l’UE envers Israël relève d’un antisémitisme déguisé en principes moraux ».

[xi] Pour ne citer que ces exemples, on peut mentionner la destruction du tombeau de Joseph par les Palestiniens et sa reconstruction sous forme de mosquée, de même que la destruction des vestiges des « Écuries de Salomon » par les Palestiniens, pour y construire une mosquée souterraine qu’ils ont reliée à la mosquée Al-Aksa. Ceci a d‚ailleurs entraîné des détériorations particulièrement inquiétantes, voire très graves, selon les spécialistes, du Mur des Lamentations (une partie d’un mur de soutènement en pierres adjacent au Mur occidental de Jérusalem s‚est effondré en septembre 2003), et dont les Palestiniens nient envers et contre tous la valeur tant religieuse qu‚archéologique. On se souvient d‚ailleurs d‚Arafat assurant à un Bill Clinton abasourdi qu‚il n‚y avait jamais eu de temple juif à Jérusalem, lors des négociations menées avec le gouvernement d‚Ehud Barak à Camp David puis à Taba. De manière plus générale, on recense régulièrement des déclarations de la part des autorités politiques et religieuses palestiniennes selon lesquelles, il n‚y aurait aucun lieu saint juif dans la région.

[xii] Et par conséquent de son droit à l‚autodétermination. C‚est d‚ailleurs ce que font ceux qui cherchent à assimiler le sionisme à un racisme. C‚est ce qu‚avait fait l‚Assemblée Générale des NationsˆUnies en 1974 lorsqu‚elle adopta, sous l‚impulsions des pays arabes, une résolution assimilant le sionisme à une forme de racisme. Il ne s‚agissait pas de condamner le sionisme dans tel ou tel développement théorique ou évolution historique à travers un gouvernement particulier, mais de le délégitimer fondamentalement en son essence sur base de critères éthiques tronqués. On voit clairement ici qu‚il s‚agit d‚un retournement de principes raciaux. Au lieu d‚afficher clairement des arguments racistes (négation ou infériorisation du peuple juif et refus de son droit à l‚autodétermination) on l‚accuse, à travers la condamnation du sionisme, de racisme. On peut rejoindre ici, Alain Finkielkraut en constatant que le meilleur moyen d‚être raciste en encore d‚être antiraciste.

[xiii] La logique de non-contradiction n‚est pas la seule existant dans le discours humain. C‚est ce qu‚a démontré l‚anthropologue français Lucien Lévy-Bruhl lorsqu‚il étudia les mentalités primitives. Ce qu‚on désigne communément sous le vocable de discours mythologique n‚est autre qu‚une distorsion du discours faisant fi du principe même de non-contradiction. Ici, on touche aux limites de ce texte : on pourrait s‚étonner de ce que les Palestiniens eux-même se livrent à une judaïsation et, par conséquent, à une apparente désubstantialisation de leur propre identité. Mais peut-être faut il alors émettre l‚hypothèse selon laquelle, en réalité, un tel discours appartient à une construction mythologique visant à justifier l‚existence des Palestiniens en tant que peuple et à donner une essence à celui-ci. C‚est un sujet qui mériterait une étude spécifique et plus approfondie, concernant précisément la construction de l‚identité palestinienne. Néanmoins, dans une telle optique, il faudrait admettre alors que Véronique de Keyser participerait à une telle élaboration mythologique, ce qui serait évidemment contraire à la mission qui lui est assignée en tant que membre du parlement européen.

[xiv] Véronique de Keyser étant députée socialiste au parlement européen, c‚est évidemment sur le plan européen que je place mon propos, l‚initiative de ce texte prenant d‚ailleurs racine dans une interview qu‚elle a donnée à la suite d‚une mission européenne au Proche-Orient. Néanmoins, sur le plan gouvernemental, auquel il faut rappeler que Véronique de Keyser n‚est pas soumise, il convient de souligner que la Belgique tente d‚apaiser ses relations avec Israël. C‚est d‚ailleurs en ce sens que le ministre belge des affaires étrangères Louis Michel ?uvre à la tête de la diplomatie belge et qu‚il a entrepris, il y a peu, un voyage en Israël.

[xv] Selon un récent sondage commandé par l‚UE et réalisé par l‚institut de sondage israélien Dahaf, 74% des Israéliens estiment que l’UE a adopté une position pro-palestinienne dans le conflit israélo-palestinien et 60% pensent que les Quinze n’ont pas suffisamment dénoncé les attentats contre la population israélienne. Enfin, 64% affirment que « l’attitude de l’UE envers Israël relève d’un antisémitisme déguisé en principes moraux ».



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