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La faiblesse de la résolution 1701
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 13 août 2006

Les premiers commentaires de la résolution adoptée, vendredi dernier, par le Conseil de sécurité ne laissent, finalement, augurer rien de bon, contrairement àce que nous avions cru pouvoir espérer, précédemment.

A défaut de connaître, encore, la version officielle de cette résolution, il semble bien que le Liban ait réussi àminer d’avance les possibilités de la FINUL rénovée.

En effet, s’il est vrai que le Conseil de sécurité a bien constaté que « la situation au Liban constitue une menace àla paix et àla sécurité internationales  », il n’en a pas moins renoncé àplacer cette force dans le cadre du Chapitre VII de la Charte.

Car, le Liban s’est opposé àcette solution au prétexte fallacieux que cette force soit perçue comme une « force d’occupation impérialiste  ».

Selon Le Monde des 13-14 aoà»t 2006 (p. 3), « les diplomates lui ont préféré un renforcement de la FINUL  ».

Toutefois, Israë l a obtenu que les casques bleus soient désormais autorisés à« prendre toutes les mesures nécessaires  » et donc àuser de la force, sans pour autant, donc, àrecourir àla contrainte.

Le ministre des affaires étrangères français a eu tort de se féliciter, dans une interview au journal Le Monde que « plus personne ne parle d’une force qui serait dotée d’un mandat offensif, pour désarmer le Hezbollah  ».

C’est ce qui explique, très vraisemblablement, l’accord de celui-ci àla mise en Å“uvre de la résolution qui devrait, normalement, avoir lieu lundi matin à7 heures (heure française).

En effet, on voit mal comment, concrètement, pourrait intervenir le désarmement de cette milice, dont le chef a immédiatement considéré, au cours d’une interview àun journal arabe : ’’Les jours de l’entité sioniste sont comptés. Si le Hezbollah a réussi àfaire plier Israë l, les pays arabes le feront disparaître’’ ( Guysen.Israë l.News) .

Or, il est évident que sans ce désarmement, il y a fort àparier que le Hezbollah attendrait le départ des troupes israéliennes pour réoccuper le terrain et prendre le premier prétexte venu pour reprendre ses activités.

Certes, le texte de la résolution n’interdit - au grand dam des adversaires d’Israë l - que les « offensives militaires  » israéliennes et non les réactions défensives de Tsahal.

Mais cela reviendrait, pratiquement, au status quo ante, qu’il fallait précisément éviter.

Car, dans les milieux diplomatiques, on s’évertue àoublier que la situation actuelle a été provoquée par les attaques du Hezbollah.

On ne répétera jamais assez que l’armée libanaise est incapable de faire reculer cettemilice, même aidée par la FINUL renforcée.

Aussi, le gouvernement israélien a eu raison de demander àses troupes - même au prix de lourdes pertes - de faire en sorte que la « communauté internationale  » soit placée devant une situation nouvelle, par rapport au début du mois de juillet.

Même si la zone d’une vingtaine de kilomètres s’étendant jusqu’au fleuve Litani « occupée  » par Tsahal ne constitue qu’un maigre avantage, cela reculera d’autant la menace, sans l’écarter totalement, vu le rayon d’action des roquettes et surtout des missiles.

On ne pourra pas reprocher au gouvernement israélien de n’avoir pas voulu laisser le gouvernement libanais tenter de faire admettre sa bonne volonté.

Pratiquement, comme nous l’avons déjàrelevé, àdifférentes reprises, l’armée libanaise est incapable, du fait de sa composition, àmajorité chiite et de son matériel obsolète àfaire reculer le Hezbollah et surtout de le désarmer pour l’empêcher de reprendre ses activités meurtrières de plus loin.

De telle sorte que, concrètement, la résolution 1701 nous paraît seulement de nature àpermettre une trêve, c’est àdire un arrêt provisoire des hostilités.

Sans prendre le mal àla racine, il est illusoire de penser pouvoir parvenir àun « cessez-le-feu permanent  » et àune « solution àlong terme  », même si cet objectif ne devrait être envisagé que par une nouvelle résolution, comme le prévoit le paragraphe 16 de la résolution du 11 aoà»t.

Il sera intéressant de voir comment le Secrétaire général invité àrendre compte, au Conseil de sécurité« dans une semaine au plus tard  » présentera l’application de la résolution 1701.

Décidément l’Organisation mondiale paraît bien mal partie.

Il ne suffit pas de reprendre une vieille recette qui a échoué, en la modifiant, pour espérer réussir làoù l’échec a été patent jusqu’àprésent.

Nous en voulons pour preuve la position adoptée par le nouveau Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui a, récemment succédé àla scandaleuse Commission des droits de l’homme existant jusqu’alors.

Simplement modifiée dans sa composition et ses règles de fonctionnement, cet organe n’a pas hésité, le même jour où le Conseil de sécurité adoptait la résolution 1701, àcharger une commission d’enquêter sur « le meurtre systématique de civils par Israë l au Liban  » (souligné par nous).

Les membres de ce Conseil n’hésitent pas àinverser, en quelque sorte, les rôles, en qualifiant de « meurtres systématiques  » les pertes en vies humaines civiles occasionnées par une réaction légitime d’un Etat, dont les citoyens sont délibérément pris pour cibles.

Certes le Conseil de sécurité semble - en apparence seulement - être plus équilibré en invitant les deux parties àcesser les combats, mais en refusant de prévoir des mesures de nature àempêcher l’une des parties àreprendre la lutte armée, il donne un avantage àl’agresseur au détriment des victimes.