Il y avait la catégorie aventure, science-fiction… Pourquoi ne pas créer une nouveau genre qui viendrait agrémenter nos choix ? Il s’appliquerait tant aux reportages TV qu’aux films ou à la littérature. On l’appellerait néo-haine, renouveau bestial, ou encore delirium negationis. Les candidats se bousculent, à croire que les Oscars leur réserveraient une place lors de la prochaine cérémonie.
Il n’y a que l’embarras du choix entre un metteur en scène turc et un journaliste suédois qui se disputent la primeur de la découverte des médecins juifs voleurs d’organes, le président iranien et nombre d’écrivaillons prétendant que les événements du 11 septembre 2001 n’étaient qu’une invention, un grand montage (des Juifs naturellement), un président turc et d’éminents membres de la presse arabe qui assurent que le tombeau de Rachel est un des bastions de l’Islam.
Ajoutez à cela que dans les territoires palestiniens et nombre de pays arabes qualifiés de modérés, on a institutionnalisé la discrimination religieuse, le sexisme, l’homophobie, voire la pédophilie et le meurtre (pudiquement voilé sous la dénomination de « crime d’honneur  »), c’est pourtant les Juifs (encore eux !) que l’on stigmatise comme pratiquant l’apartheid.
Allons, il ne faut quand même pas exagérer : Ban Ki Moon, Goldstone, l’ONU : ce n’est tout de même pas du cinéma non ? Ben oui, c’est vrai ma bonne dame… Comment qualifier cette charge unanime contre l’Etat hébreu ? « Caution d’honneur  » peut-être ? Oui coco, ça sonne pas mal !
Courage : il y a encore de la place pour les braves. « La rafle  » horrifiera peut-être les spectateurs sensibles : pour d’autres, ça exhumera quelques bons souvenirs. Ah, le bon temps de l’occupation : on ne s’ennuyait pas en ce temps-là M. Glandu. Suffisait de dénoncer une petite famille juive et on récupérait des bonnes occases et des primes, de quoi s’approvisionner au marché noir auprès du b.o.f. du coin. On pouvait se défouler sans vergogne, traiter les Juifs de tout dans « Le Pilori  » et « Je suis partout  », sans craindre le politiquement correct ou la Halde ! La milice faisait régner l’ordre, oui Monsieur, et le Chancelier allemand n’avait rien d’une gonzesse à cette époque. Ach mais !
Heureusement qu’il y en a encore pour reprendre le flambeau. Voilà -t-y pas qu’Ahmadinejad, non content de suggérer un référendum sur la destruction d’Israë l, invitait le chef du mouvement islamiste Hamas Khaled Mechaal, le chef du Jihad islamique Ramadan Challah, et le chef du Front populaire pour la libération de la Palestine -Commandement général (FPLP-CG) Ahmad Gibril, qui vivent tous trois en exil, à regagner le sol où « les microbes corrompus sont source de menaces de crises et de guerres  ». Bref : remplacez les microbes par des morpions et vous aurez l’Eden plus vrai que nature. Que du beau monde : garanti !
Regardez déjà le modèle à Gaza et vous aurez tout compris.
Et l’Europe dans tout ça ? Ben, elle est bien occupée… Entre délivrer des mandats d’arrêt « rouges  » par l’intermédiaire d’Interpol sur réquisition du chef de la police de Dubaï contre… combien ? 11 ? 16 ? 26 ? 37 usurpateurs-de-vrais-faux-passeports (tiens ? mais on nous avait assuré qu’ils étaient infalsifiables ?), sauver la Grèce de la faillite, relancer l’industrie et la natalité, elle a fort à faire. Sauf en Autriche : la patrie du Chancelier allemand cité plus haut se place au top 5 de la néo-korrektitude ambiante.
Madame Rosenkranz, candidate à l’élection présidentielle du 25 avril, mère de dix enfants, pense que la liberté d’opinion est entravée par la loi condamnant le nazisme et le négationnisme. Son mari abonde en publiant dans la revue Fakten, qu’il édite, des pamphlets dénonçant « les Turcs, les Tchétchènes, les Asiatiques, les Tziganes et les nègres » et « les poncifs éculés des prétendus crimes de la Wehrmacht et des horreurs des camps ».
Hans Dichand, aux commandes du tabloïd parmi les plus diffusés en Autriche, Kronen Zeitung, apporte son soutien sans retenue à la Rosenkranz, « mère courage  » d’un nouveau genre.
Ce qui me fait revenir sur le genre nouveau, justement. Celui qui redonne des couleurs à la croix gammée, fait refleurir les saluts où on lève le bras (le Hezbollah l’a remis à la mode) et ravive la bête immonde qu’on croyait (naïfs que nous sommes) à jamais enterrée.
Il y en a déjà qui astiquent leur baudrier pour le prochain festival du renouveau bestial. Plusieurs villes sont en lice : Damas, Téhéran, Beyrouth (non, faut pas pousser ou alors en sous-sol dans la salle de projection privée d’Al-Manar)… On verra. Après tout, Vienne a peut-être ses chances ?
En attendant, vous pouvez toujours aller au festival du cinéma israélien. Il se tient à Paris, au Gaumont Opéra du 10 au 16 mars. De quoi se réchauffer le cœur… et les os, compte tenu de la température ambiante !
A.C.